Depuis que l'affaire a éclaté il y a trois ans, l'archevêque de Lyon avait déjà nié les faits qui lui sont reprochés, en reconnaissant des erreurs et en demandant pardon aux victimes des prêtres pédophiles.
Mais en commettant aussi, en 2016 à Lourdes lors d'une assemblée des évêques, un lapsus polémique en déclarant que "Grâce à Dieu, la majorité des faits" d'abus sexuels étaient "prescrits".
"Je n'ai pas toujours su employer les mots les meilleurs et les plus adroits dans le passé", a reconnu le prélat dans une déclaration lue à la barre au premier jour du procès, avant de répondre aux questions du tribunal.
Le primat des Gaules comparaît jusqu'à mercredi avec cinq anciens membres du diocèse lyonnais pour ne pas avoir dénoncé à la justice des abus sexuels commis sur de jeunes scouts de la région par un prêtre, le père Bernard Preynat, entre 1986 et 1991.
En 2016, le parquet avait classé l'affaire sans suite en écartant toute volonté d'entraver la justice chez le cardinal, mais les plaignants ont cité directement les prévenus devant le tribunal.
Dans les années 2000, Mgr Barbarin avait eu connaissance de faits anciens d'agressions sexuelles, "des rumeurs" selon ses mots, qui l'ont conduit néanmoins à rencontrer le père Preynat en 2010. Le prêtre lui jura alors n'avoir jamais recommencé.
"N'avez-vous pas appris qu'on n'est jamais très sûr quand un pédophile dit qu'il ne recommencera plus ?", interroge la présidente du tribunal, Brigitte Vernay.
"Tout le monde me reproche de l'avoir cru", répond Mgr Barbarin. Mais "on n'a pas trouvé de fait incriminable après", ajoute celui qui est aussi poursuivi pour "omission de porter secours".
"Jamais entendu pareil récit"
Les plaignants lui reprochent en effet d'avoir maintenu le père Preynat au contact d'enfants jusqu'en septembre 2015, après qu'un ancien scout eut porté plainte contre le prêtre. Puis contre le cardinal en février 2016.
Les deux h
ommes s'étaient pourtant rencontrés en novembre 2014: "Jusqu'alors je n'avais jamais entendu pareil récit", assure l'archevêque, qui transmit alors au Vatican le témoignage de cette victime, Alexandre Hezez. La réponse ne tarda pas: il fallait écarter le prêtre.
"Et bien ça c'est facile, pourquoi vous ne le faites pas ?" tout de suite, poursuit la présidente. Parce qu'il fallait "éviter le scandale public", rétorque le prélat, "j'ai fait exactement ce que Rome m'a demandé" en différant de quelques mois sa mise à l'écart pour ne pas attirer l'attention.
La magistrate s'étonne aussi que le dossier du père Preynat, retrouvé dans les archives du diocèse, ait été "léger" et que rien n'ait été trouvé à son sujet dans un "coffre-fort" de l'officialité, où siègent les juges canoniques de l'archi-diocèse.
Pour elle, "cela ne fait qu'alimenter le doute" sur les silences de l'Eglise lyonnaise: or, "n'est-ce pas le pape lui-même qui dit que la dénonciation s'impose à chaque fois que des faits sont connus ?".
Et le primat des Gaules de conclure: "Franchement, je ne vois pas de quoi je suis coupable".
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