La Commission électorale nationale indépendante (Céni) a invité la presse à Kinshasa à partir de 14h00 (13h00 GMT) après avoir réuni son assemblée plénière.
La veille, le président de la Céni, Corneille Nangaa, avait annoncé à l'AFP qu'il reportait "à la semaine prochaine" l'annonce des résultats provisoire de l'élection présidentielle du 30 décembre.
Officiellement en cause: la lente remontée des résultats depuis les bureaux de vote vers la Céni, en passant par les 179 "Centres locaux de compilation" à travers tout le pays. Internet a été coupé depuis lundi.
Il faut donc encore attendre quelques jours pour connaître le nom du successeur du président Joseph Kabila, au pouvoir depuis 2001 et qui ne pouvait pas se représenter.
Trois principaux candidats sont en lice: le candidat du pouvoir, l'ex-ministre de l'Intérieur Emmanuel Ramazani Shadary, et deux opposants, Martin Fayulu et Félix Tshisekedi.
Samedi après-midi, la coalition politique Lamuka autour de l'opposant Fayulu a mis en garde la Céni "contre toute tentative de modifier les résultats affichés devant les bureaux de vote".
Principale mission d'observation électorale, la puissante Conférence épiscopale a renvoyé la Céni à sa "responsabilité" en cas d'un "soulèvement de la population" si elle n'annonce pas des résultats "conformes à la vérité des urnes".
"Pression"
La Conférence épiscopale s'est mise au coeur des tensions post-électorales en affirmant dès jeudi soir qu'elle connaissait le nom du vainqueur grâce à ses 40.000 observateurs dans les bureaux de vote.
Cette annonce a suscité la colère de la majorité pro-Kabila et de la Céni.
Une délégation de la Conférence épiscopale a rencontré vendredi le président Joseph Kabila, selon plusieurs sources congolaises.
Puissance régionale et membre d'une mission d'observation de l'Afrique australe, l'Afrique du Sud a aussi mis en garde la Conférence épiscopale sans la nommer: "Nous demandons instamment à tous les leaders des différents secteurs de la société d'être responsable et d'attendre le résultats des élections de la part de la Céni".
Par crainte de troubles à l'annonce des résultats, le président américain Trump a fait savoir qu'il avait positionné 80 éléments des forces armés au Gabon à 1h30 de vol de Kinshasa, officiellement pour protéger les intérêts américains en RDC.
"C'est bon pour nous, ça fait monter la pression", se félicite-t-on dans l'entourage de l'opposant Fayulu.
La RDC peut-elle connaître non seulement une transmission du pouvoir d'un président à l'autre, après le retrait de M. Kabila contraint par la Constitution, mais aussi une alternance d'un camp à l'autre?
Dans l'histoire du Congo, les scrutins "n'ont jamais reflété le jeu franc de participation, de transparence, de choix libre et de vrai vote populaire", écrivent 17 universitaires congolais dans un ouvrage collectif présenté avant les élections ("Le degré zéro de la dynamique politique en RDC, 1960-2018").
"Bicéphalisme problématique"
L'élection en 2006 du président Kabila puis sa réélection en 2011 avaient été contestées.
Un observateur averti relève plusieurs enjeux qui concerne toute l'Afrique centrale où les alternances sont tout autant rarissimes: "le respect du vote des électeurs, ne plus opposer stabilité et démocratie alors qu'elles sont complémentaires, cesser de penser que l'Afrique ne serait pas mûre pour la démocratie...".
Spécialiste de l'Afrique centrale, le chercheur français Thierry Vircoulon ne se fait aucune illusion: quoi qu'il arrive, c'est le "dauphin" du pouvoir, Emmanuel Ramazani Shadary, qui va être proclamé vainqueur par la Céni.
Une fois devenu président, il devra cohabiter avec son prédécesseur l'ex-président Kabila, à qui la Constitution réserve un siège de sénateur à vie.
"L'importance des élections du 30 décembre 2018 ne réside donc pas dans l'alternance présidentielle tant attendue mais dans la possible création par ceux qui veulent prolonger leur pouvoir d'un bicéphalisme problématique et incertain", a écrit M. Vircoulon dans un article récent.
L'expert envisage plusieurs scénarii, jusqu'au renversement de Ramazani Shadary par Joseph Kabila s'il s'émancipe trop vite comme le président Joao Lourenço en Angola, qui a succédé en 2017 à Jose Eduardo dos Santos, au pouvoir pendant 38 ans, et qui a rapidement pris ses distances vis-à-vis de son ancien mentor et promis de débarrasser le pays de la corruption généralisée reprochée à ses proches.
Dernière ivresse avant la "gueule de bois" post-électorale? Les habitants de Beni et Butembo dans le Nord-Kivu (Est) ont en tous cas célébré la victoire de l'opposant Martin Fayulu samedi soir, d'après des témoins.
Rien d'officiel cependant: ils n'avaient organisé qu'un vote symbolique après que le scrutin eut été annulé dans leur région, officiellement pour cause d'épidémie d'Ebola et d'attaques d'un groupe armé.
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