"Les premières analyses laissent penser que les données ont été récupérées suite à l'utilisation frauduleuse de codes d'accès à des services de stockage sur le cloud informatique, à des comptes e-mail et à des réseaux sociaux", a indiqué dans un communiqué le ministère de l'Intérieur Horst Seehofer.
Le gouvernement a indiqué prendre l'affaire "très au sérieux" et la ministre de la Justice, Katarina Barley, a dénoncé "une attaque grave" initiée par des personnes "qui veulent saboter la confiance en la démocratie et ses institutions".
Compte twitter
Un compte twitter, entretemps bloqué, a dévoilé toute une série de contacts privés, données personnelles, correspondances professionnelles et privées, informations financières et documents d'identité, ont révélé vendredi les autorités.
"Environ un millier de personnes sont concernées", a indiqué le responsable de l'organisme allemand chargé de la sécurité informatique, Arn Schönbohm.
On trouve aussi dans les informations divulguées des listes de contacts avec des centaines de numéros de téléphone portable et d'adresses, ainsi que des documents internes aux partis comme des listes d'adhérents. Certains de ces documents datent d'il y a plusieurs années.
Mais aucune donnée hypersensible n'a été immédiatement repérée par les autorités, notamment en provenance de la chancellerie allemande, également visée. Les informations liées à la chancelière Angela Merkel sont d'"ampleur limitées" et "non sensibles", a indiqué une de ses porte-parole, Martina Fiez.
Selon l'un des documents postés en ligne, deux adresses e-mails de la chancelière, semi-publiques, apparaissent, ainsi qu'un numéro de fax et l'intitulé de lettres qui lui ont été adressées.
"D'après une première analyse, sont concernés dans le monde politique des élus aussi bien du Parlement européen, du Bundestag (la chambre des députés allemands), des parlements régionaux que des élus municipaux", a-t-elle ajouté.
Les personnes à l'origine de cette divulgation, d'une ampleur inédite concernant le monde politique allemand, n'ont pas encore été identifiées. Et le mode opératoire exact utilisé reste à déterminer, même si un piratage multiforme et de grande ampleur paraît le plus probable.
"Les sources peuvent être très différentes", a déclaré à l'AFP un porte-parole du BSI. Le réseau informatique central du gouvernement tout comme celui de la chambre des députés n'ont en tout cas pas été victimes d'une cyberattaque, a assuré le ministère de l'Intérieur.
La police criminelle (BKA) et le renseignement intérieur sont chargées de l'enquête. Les divulgations ont commencé le 20 décembre sur le compte twitter, avant de gagner progressivement en importance et d'atteindre un pic jeudi, ce qui a fini par attirer l'attention des autorités.
L'extrême droite épargnée
Le responsable du groupe parlementaire de la gauche radicale allemande, Dietmar Bartsch, s'est dit "profondément choqué" par cette "attaque grave contre la démocratie dans notre pays".
Selon plusieurs médias, dont la chaîne publique RBB outre les personnalités politiques ont aussi été visés des journalistes du service public, des animateurs de télévision et des comédiens.
Tous les grands partis politiques allemands, des démocrates-chrétiens (CDU) de la chancelière aux Verts, sont concernés, à l'exception notable du parti d'extrême droite Alternative pour l'Allemagne (AfD).
Un expert en renseignement du parti conservateur de la chancelière Angela Merkel, Patrick Sensburg, a estimé dans ces conditions que "cette attaque de hackers vient des milieux proches de l'AfD".
"L'intention des auteurs reste inconnue pour le moment, mais il est peu probable que l'appât du gain soit leur première motivation. Il s'agit probablement d'un hacker activiste, cherchant à causer des problèmes", estime David Emm, expert en sécurité informatique chez Kaspersky Lab.
Ces dernières années, le Bundestag et des partis politiques ont aussi été visés par des cyberattaques émanant, selon Berlin, de services de renseignement étrangers.
Des hackers russes ont notamment été soupçonnés d'orchestrer ces opérations. L'Allemagne s'inquiète régulièrement de possibles tentatives, de la Russie notamment, de tenter d'influencer le climat politique national via des cyberattaques ou des actions de désinformation.
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