Cofondateur de l'UMP en 2002 et candidat malheureux à la primaire de la droite pour la présidentielle de 2017, Alain Juppé avait annoncé en janvier 2018 qu'il ne s'acquitterait plus de sa cotisation au parti, toujours plus ancré à droite depuis que Laurent Wauquiez le préside.
Un des porte-parole du parti, Gilles Platret, a confirmé vendredi que son nom était désormais définitivement rayé des listes des adhérents.
M. Platret a rendu hommage à "une grande figure qui aura rendu d'éminents services à la France, qui appartenait à notre famille politique d'une manière historique". Mais il a aussi fortement relativisé: "On va survivre, et continuer à avancer, sans Alain Juppé, et avec tous ceux qui veulent continuer à se battre notamment contre ce gouvernement".
Alain Juppé soutenait Emmanuel Macron "depuis sa lourde défaite à la primaire" de la droite pour la dernière présidentielle, a sèchement tweeté le député LR Fabien Di Filippo, souhaitant "que 2019 soit l'année de la clarté à laquelle nos concitoyens aspirent".
M. Juppé reviendra sur le sujet mercredi, lors de la présentation de ses vœux à Bordeaux, a indiqué la mairie.
"Compatibilité"
L'ex-Premier ministre de Jacques Chirac n'a cessé ces derniers mois d'apporter son soutien aux idées européennes d'Emmanuel Macron, qui vont selon lui "dans la bonne direction", sur fond de possible alliance en vue des élections européennes de mai 2019.
A l'automne 2017, prenant ses distances avec LR, il avait même émis l'idée de bâtir "un grand mouvement central" pour ce scrutin avec Emmanuel Macron, avant d'atténuer ses propos.
Répétant depuis qu'il partage "très largement" le projet européen du chef de l'Etat, il le voit comme un rempart possible contre le Premier ministre hongrois Viktor Orban et le ministre de l'Intérieur italien Matteo Salvini, au moment où la ligne du président de LR Laurent Wauquiez éloigne sa branche centriste.
Lundi soir, juste après les voeux d'Emmanuel Macron, Alain Juppé a salué dans un tweet l'"excellente intervention du président de la République", "dans la forme comme sur le fond". "Le cap est donné", s'est-il félicité.
"Dans le langage, il a été très en soutien au président, parce qu'il se classe au-dessus des partis politiques et dit qu'il y a une urgence à rassembler les pro-Européens pour lutter contre la montée anti-Europe que l'on voit en France", explique à l'AFP la députée Laure de la Raudière, membre d'Agir, le parti fondé par d'ex-LR pro-Macron.
Le repositionnement plus droitier des Républicains sur l'Europe "agace beaucoup Alain Juppé", souligne la députée.
"Évidemment il y a compatibilité" entre Alain Juppé et "les discours que notre majorité porte", avec "des visions partagées" en particulier "sur l'Europe", a insisté vendredi sur franceinfo le secrétaire d'Etat au numérique Mounir Mahjoubi.
Alain Juppé est "un ami de la majorité", dans laquelle "de nombreuses personnes se sont construites politiquement autour de lui", a-t-il ajouté. Le Premier ministre Edouard Philippe est un ex-lieutenant de M. Juppé.
Le maire de Bordeaux a participé en septembre au congrès fondateur d'Agir. L'ancien Premier ministre Jean-Pierre Raffarin était aussi présent à ce congrès.
"Alain Juppé est un homme d'Etat, libre, qui place la France avant les questions partisanes et qui sait que l'Europe est trop vitale pour être l'otage de postures populistes ou électoralistes", a salué son ex-porte-parole aujourd'hui vice-présidente d'Agir Fabienne Keller, se félicitant dans un tweet de son "apport au débat européen".
Ce départ suit celui de l'ancien ministre et président des Hauts-de-Seine Xavier Bertrand, qui avait choisi fin 2017 de quitter le parti car il ne "se reconnai(ssait) plus dans sa famille politique".
Pour la même raison, l'ancien ministre juppéiste Dominique Bussereau avait annoncé en janvier 2018 se mettre "en congé de LR" jusqu'à la campagne des européennes.
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