Placé en garde à vue pour "organisation d'une manifestation sans déclaration préalable", ce chauffeur routier de Seine-et-Marne, figure controversée du mouvement, a été interpellé la veille au soir près des Champs-Elysées, où il avait appelé à mener une "action" et à "choquer l'opinion publique".
Soutien affiché du mouvement, Marine Le Pen a dénoncé une répression de l'exécutif. "Les vœux de hargne du 31 décembre et la violation systématique des droits politiques de ses opposants dessinent un visage terriblement inquiétant d'Emmanuel Macron", a estimé sur Twitter la cheffe du Rassemblement national.
Le chef de file de La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, avait réagi juste après l'arrestation de celui pour lequel il avait avoué sa "fascination". "De nouveau Éric Drouet interpellé. Pourquoi ? Abus de pouvoir. Une Police politique cible et harcèle désormais les animateurs du mouvement gilet jaune", a-t-il tweeté.
Jeudi, le député LFI Éric Coquerel s'est pour sa part indigné sur franceinfo d'une "vraie persécution" contre M. Drouet et les "gilets jaunes".
Taxant le gouvernement d'"amateurisme", le président des Centristes, Hervé Morin, a lui appelé à "sortir de l'arrogance et du mépris" vis-à-vis des "gilets jaunes", qui mobilisés en France depuis un mois et demi pour réclamer notamment plus de pouvoir d'achat.
Le seul "crime" d'Éric Drouet a été de déposer "des bougies (...) sur la place de la Concorde à Paris en hommage aux victimes gilets jaunes décédées", a également déclaré son avocat Me Kheops Lara, dénonçant une arrestation "totalement arbitraire".
Le 22 décembre, M. Drouet avait déjà été arrêté lors de "l'Acte VI" des manifestations à Paris pour "port d'arme prohibé" - un bâton - et sera jugé le 5 juin en correctionnelle.
Sa garde à vue peut au total durer vingt-quatre heures.
"Jeu pervers"
Le gouvernement et la majorité ont, eux, défendu l'arrestation du routier, originaire de Melun, au nom de l'État de droit, tentant d'apaiser les esprits à deux jours d'un "acte VIII" du mouvement des "gilets jaunes".
"Quand quelqu'un organise une manifestation alors qu'elle n'est pas déclarée, c'est qu'il ne respecte pas l'État de droit", a estimé le ministre de l'Économie, Bruno Le Maire, sur France Inter.
"Dans une République, l'ordre est important (...) La République, ce n'est pas l'anarchie", a abondé le ministre des Comptes publics, Gérald Darmanin, sur Cnews.
Initiée le 17 novembre, la mobilisation a nettement décru ces dernières semaines mais de nouveaux appels à manifester samedi à Paris, Bordeaux, Martigues ou encore Nice, ont été lancés ces derniers jours sur les réseaux sociaux.
"On ne peut plus s'arrêter, car on a soulevé tellement de choses, levé tellement de lièvres", estime Laure, une "gilet jaune" de Bordeaux.
Malgré les concessions du chef de l'État à la fin de l'année et le lancement d'un grand débat national pour examiner leurs revendications, notamment un référendum d'initiative citoyenne, la détermination des "gilets jaunes" semblait intacte.
"C'est reparti, on n'est pas près de lâcher, et s'il le faut on tiendra jusqu'à l'année prochaine", a déclaré Johnny Toulouse, un sexagénaire qui se présente comme l'un des leaders du mouvement à Nice et réclame, comme de nombreux autres, la "démission" d'Emmanuel Macron.
Les autorités restent également sur le qui-vive face à de possibles débordements ce week-end après les violences qui ont émaillé de précédentes mobilisations, à Paris ou à Bordeaux.
Depuis le début de cette contestation protéiforme, plus de 1.500 personnes ont été blessées chez les manifestants et près de 1.100 au sein des forces de l'ordre. Dix personnes sont par ailleurs décédées, la plupart en marge de blocages d'axes routiers ou de ronds-points.
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