Les deux femmes sont entrées peu avant l'aube sous protection de la police dans le temple de Sabarimala, dans l'Etat de Kerala (sud), et en sont ressorties sans se faire repérer, ont confirmé des responsables.
Ce temple est depuis des semaines au centre d'affrontements entre les hindous traditionalistes, favorables au maintien de l'interdiction de l'entrée des femmes, et les partisans de la décision de la Cour suprême, notamment des associations de défense des droits des femmes.
Des images filmées ont montré les deux femmes, Kanaka Durga et Bindu -qui n'a qu'un seul nom- entrer dans le temple vêtues de noir et la tête inclinée.
"Nous ne sommes pas entrées en gravissant les 18 marches sacrées mais en empruntant l'entrée du personnel", a déclaré aux journalistes une des deux femmes, qui restent sous protection de la police.
Le chef du gouvernement local du Kerala, Pinarayi Vijayan, l'a confirmé. "Il est exact que les femmes sont entrées dans le temple. La police doit offrir sa protection à toute personne qui désire prier dans le temple", a-t-il déclaré.
Purification après l'intrusion
Cet acte a déclenché des manifestations à Thiruvananthapuram, la capitale de l'Etat, de dizaines de femmes traditionalistes scandant des slogans pour demander la démission de M. Vijayan.
Le grand temple hindou Ayyappa à Sabarimala avait été l'objet de vingt ans de bataille judiciaire avant que, le 28 octobre, la Cour suprême ne juge discriminatoire le fait que le temple bannisse les femmes en âge d'avoir leurs règles, soit entre 10 et 50 ans.
Les femmes ayant leurs règles sont souvent considérées comme impures dans la société indienne conservatrice et patriarcale.
Si la plupart des temples hindous n'autorisent pas les femmes à entrer lorsqu'elles ont leurs règles, Sabarimala était l'un des rares à interdire toutes celles entre la puberté et la ménopause.
De nombreux groupes hindous ainsi que le Bharatiya Janata Party (BJP) du Premier ministre Narendra Modi avaient dénoncé cette décision.
Mercredi, des responsables locaux du BJP ont annoncé qu'ils organiseraient deux jours de manifestations dans l'Etat qui est dirigé par une alliance de gauche, pour protester contre l'intrusion des deux femmes.
Dès que l'information de cette intrusion a été connue, les responsables du temple ont ordonné sa fermeture pour un rituel de purification. Il a rouvert une heure plus tard.
Depuis la décision de la Cour suprême, plusieurs femmes avaient tenté d'entrer dans le sanctuaire, mais elles en avaient été empêchées par des traditionalistes.
A la mi-octobre, des affrontements avaient éclaté entre forces de l'ordre et extrémistes, qui avaient empêché les femmes de monter au temple.
Ils avaient lancé des pierres sur les policiers et s'en étaient pris aux journalistes femmes. Environ 2.000 personnes avaient été arrêtées par la suite.
Mardi, des dizaines de milliers de femmes ont formé une chaîne humaine pour soutenir la décision rendue en septembre par la Cour suprême. Cette manifestation appelée "Mur des femmes" était soutenue par le gouvernement de l'Etat.
Selon le site internet du temple, les millions de pèlerins qui s'y rendent chaque année doivent s'abstenir de tout rapport sexuel durant les 41 jours précédant leur visite au sanctuaire. Certains d'entre eux empruntent une route ardue à travers la forêt pour atteindre le lieu, situé au sommet d'une colline à 1.200 m d'altitude.
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