Les autorités avaient placé ce réveillon sous haute surveillance, en déployant 148.000 membres des forces de sécurité, dont 12.000 dans la capitale.
Sur la célèbre avenue des Champs-Élysées, théâtre de spectaculaires scènes de guérilla urbaine qui avaient fait le tour du monde ces dernières semaines, 300.000 personnes selon le ministre de l'Intérieur s'étaient rassemblées lundi soir pour attendre les douze coups de minuit, dans une ambiance festive.
Parmi eux, seuls 200 "gilets jaunes" étaient présents, selon la préfecture de police. Les forces de l'ordre ont tiré un gaz lacrymogène aux alentours de 02H00 du matin et ont rapidement dispersé un groupe de personnes rassemblées dans une rue adjacente aux Champs-Elysées, selon un photographe de l'AFP.
Un spectacle "son et lumière" a été projeté sur l'Arc de Triomphe -- vandalisé le 1e décembre lors d'une manifestation des "gilets jaunes" -- suivi d'un feu d'artifice immortalisé, téléphone en main, par la foule.
Parmi les fêtards, le "gilet jaune" Loic Coene, technicien industriel de 28 ans. Il a fait 02H30 de route depuis la Haute-Marne pour montrer que "ce n'est pas perdu, que le rassemblement n'est pas mort". Des appels de "gilets jaunes" à venir fêter l'an neuf à Paris avaient été relayés sur les réseaux sociaux.
Rappelant l'atmosphère des dernières semaines, la plupart des boutiques de l'avenue s'étaient protégées d'éventuelles nouvelles dégradations avec des panneaux de contreplaqué.
A Bordeaux, où des heurts avaient éclaté en décembre, entre 100 et 200 "gilets jaunes" décidés à "faire la fête" ont occupé en début de soirée la voie menant au pont d'Aquitaine avant d'être délogés par les forces de l'ordre, usant de canons à eau. Ils s'étaient installés sur ce pont "pour que Macron ne nous oublie pas et lui montrer qu'on sera là en 2019", a résumé Cyrille Pionneau, 49 ans.
"A quoi on peut s'attendre? Au désordre, parce que manifestement les +gilets jaunes+ organisent ou désorganisent aujourd'hui leur mobilisation pour mettre le désordre", pronostiquait à la mi-journée le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner.
M. Castaner avait toutefois souligné un essoufflement du mouvement, né le 17 novembre pour dénoncer la hausse des taxes et réclamer plus de pouvoir d'achat. Selon le ministre, ils étaient 32.000 dans toute la France samedi dernier, contre 38.600 le 22 décembre. Les violences et dégradations, ainsi que le nombre de blessés, ont marqué le pas.
Le ministre avait aussi évoqué la menace terroriste dans un pays toujours sur le qui-vive depuis le début de la vague d'attentats jihadistes en 2015. Un attentat sur le marché de Noël de Strasbourg le 11 décembre a fait cinq morts.
"Pas résignés"
Dans une allocution télévisée au ton pugnace, Emmanuel Macron a appelé lundi soir les Français à cesser de se "déconsidérer ou de faire croire que la France serait un pays où les solidarités n'existent pas, où il faudrait dépenser toujours davantage".
Selon le président, qui a annoncé le 10 décembre 10 milliards d'euros d'aides pour mettre fin à la crise, la "colère" des "gilets jaunes" a surtout montré que "nous ne sommes pas résignés".
Depuis un mois et demi, le mouvement protéiforme des "gilets jaunes" réclame une revalorisation du pouvoir d'achat et davantage de poids dans les prises de décisions publiques.
Des appels à manifester ont été lancés pour janvier tandis qu'un "débat national" doit être lancé en début d'année.
A Amiens, pas de fête pour cinq "gilets jaunes" qui ont comparu au palais de justice après des débordements samedi en marge de manifestations. Trois d'entre eux ont été condamnés à 4 mois de prison avec sursis pour violences, et un à 500 euros d'amende pour injures sur personnes dépositaires de l'autorité publique, a indiqué à l'AFP le parquet d'Amiens. Le dernier a été relaxé.
burs-cld/ao
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