Dans cet ultime discours d'une année qui a vu sa popularité s'effondrer, le président va s'efforcer de tracer des perspectives à nouveau claires. Selon un proche, il usera de mots marquant "autorité et rassemblement", avec le double défi d'apaiser les colères et de relancer son programme de réformes.
Son allocution, qu'il prévoit d'enregistrer en fin d'après-midi, sera retransmise sur toutes les grandes chaînes de télévision. L'an dernier, ses vœux, très classiquement enregistrés à son bureau, avaient attiré 11,2 millions de téléspectateurs.
Plus de 23 millions de personnes avaient en revanche regardé son allocution du 10 décembre - un record pour une intervention politique-, lorsque, pressé par les revendications des "gilets jaunes", le chef de l'Etat a promis 10 milliards d'euros d'aides en faveur du pouvoir d'achat.
Apaiser la colère
Cette fois, plus question d'annonces. L'enjeu est de convaincre qu'il est capable de montrer davantage d'écoute et de bienveillance, lui dont certaines phrases cassantes cette année continuent à choquer une partie de l'opinion, du "pognon de dingue" aux "Gaulois réfractaires".
Emmanuel Macron s'est fait extrêmement discret en décembre, dans ses rares sorties comme dans les médias.
Les vœux à la nation, cette tradition républicaine qu'il a maintenue, lui donnent enfin l'opportunité de parler de l'avenir, des réformes annoncées pour 2019, qui restent sa priorité, en particulier celle des retraites et de la fonction publique, mais aussi des nouvelles initiatives, à commencer par ce "grand débat national" prévu de janvier à mars avec lequel l'exécutif espère apaiser la colère des "gilets jaunes".
Le président pourrait rappeler lundi soir les limites de cet exercice, comme il l'avait déjà fait le 10 décembre : pas question de rejouer la présidentielle de 2017 ni de "détricoter" ce que le gouvernement et le Parlement ont mis en place depuis 18 mois.
Ces lignes rouges ne sont pas sans risque. Faute de résultats concrets, le "grand débat" pourrait entraîner de nouvelles frustrations et contestations. Quant à l'opportunité de lancer des "référendums d'initiative citoyenne", réclamés par une partie des "gilets jaunes" et par l'opposition, le président ne s'est pas encore prononcé.
Emmanuel Macron devra en tout cas retarder la réforme constitutionnelle à laquelle il reste très attaché, jusqu'à la fin du grand débat.
Le début de 2019 recèle d'autres embûches, comme la mise en place de la prime d'activité d'une centaine d'euros pour les petits salaires. L'effet de l'entrée en vigueur du prélèvement à la source, visible pour la première fois sur les feuilles de paie de fin janvier, est une autre inconnue. Enfin fin mai, le président affrontera, avec les Européennes, le premier grand scrutin électoral de son mandat.
Rassemblement "festif et non violent"
Au-delà, Marielle de Sarnez, vice-présidente du MoDem, a appelé dimanche le président à sortir de la crise par le haut en "refondant l'Etat" et en "rassemblant largement les grandes sensibilités démocratiques du pays".
Une partie des "gilets jaunes", toujours mobilisés, compte se faire entendre juste au moment des voeux présidentiels : un appel est lancé sur Facebook pour un rassemblement "festif et non violent", sur les Champs-Elysées à 20H00, en vue du passage à la nouvelle année "qui sera riche de changements et de victoires". En tout, quelque 10.000 personnes annoncent vouloir répondre à deux appels différents.
La sécurité sera renforcée à Paris comme dans d'autres grandes villes où des appels ont été lancés, notamment sur le pont d'Aquitaine à Bordeaux.
Un périmètre de protection sera instauré dès 16H00 lundi autour des Champs-Elysées et de la place de l'Etoile, dans un contexte également marqué par le risque d'attentats.
Pour la Saint-Sylvestre 2017, près de 140.000 membres des forces de sécurité et de secours avaient été mobilisés sur l'ensemble du territoire.
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