Six expositions sont organisées simultanément dans les musées de la Métropole de Rouen (Seine-Maritime) sur le thème de la mode. Le musée des beaux-arts présente des pièces d'exceptions : costumes, accessoires, revues de mode ou portraits pour nous faire découvrir la mode des élégantes et dandys du XIXe siècle. Alexandra Bosc, commissaire d'exposition nous présente l'exposition :
Pourquoi avoir choisi de parler de la mode de cette période ?
"Nous avons eu l'idée de revenir sur cette période peu étudiée dans l'histoire de la mode, car en quelques décennies, le costume évolue de manière radicale. Il se développe dans un contexte social et économique bien précis et le XIXe connaît de nombreux bouleversements politiques qui vont entraîner une évolution du costume et de la silhouette. À la silhouette féminine en forme de colonne pendant l'empire succède bien vite la taille de guêpe et les manches gigot. Nous exposons trois tenues féminines qui témoignent de cette évolution rapide de la silhouette : une robe du soir néogothique de 1825, une robe en textile imprimée de 1833, ainsi qu'une robe à manches gigot. Ces robes nous ont été prêtées par le musée du costume de Château-Chinon mais nous bénéficions aussi de prêts du Palais Galliera à Paris."
Comment la mode se démocratise ?
"Grâce à un nouveau mode de production et de diffusion : les magasins de nouveauté, ancêtres des grands magasins. On peut acheter au comptoir des vêtements de dessus, produits en série qui n'ont pas besoin d'être mis à la mesure comme des mantelets. Les gravures de mode mais aussi les comptes rendus mondains, contribuent également à démocratiser la mode. Ce sont des grisettes qui cousent à domicile et se répartissent le travail. Mais on assiste aussi à la montée en puissance de certaines faiseuses comme Mme Palmyre. La cliente vient passer commande chez elle mais ce n'est pas la faiseuse qui invente les modèles, elle ne fait que concevoir un vêtement choisi par la cliente. Ce qui fera sa renommée c'est la qualité de son travail. Leur technique est vraiment empirique : le mètre ruban n'apparaît qu'en 1840 et les premiers patrons en 1838."
Sur quel type de tissus travaille-t-on ?
"Les tissus sont très variés. Bien souvent ils coûtent encore plus cher que la fabrique. L'exposition met en particulier l'accent sur les savoir-faire locaux en présentant notamment des échantillons de tissus imprimés à Darnétal habituellement conservés au musée de la Corderie Vallois. Les tissus imprimés sont très en vogue à cette époque : c'est la mode des indienneries dont les motifs sont très variés et évoluent constamment. D'autre part l'évolution des techniques de teinturerie permet aussi l'exploitation d'une plus large gamme chromatique."
Qu'est-ce qu'un dandy ?
"Barbey d'Aurevilly écrit en 1845 un manifeste du dandysme en citant pour modèle l'anglais George Brummell. C'est bien plus complexe que l'image de l'élégant qu'on s'en fait. Le costume du dandy est véritablement politique : il nie l'avènement de la démocratie et souhaite le retour de l'oligarchie. Son costume doit le distinguer, il refuse l'uniformité qui se traduit par le costume. Si, de prime abord, son costume semble représentatif de la mode, il l'agrémente avec soin de détails qui font toute son originalité : la qualité de la teinture, de la coupe et du textile ou des accessoires distingués. Barbey d'Aurevilly dont le fac-similé de sa sempiternelle redingote est exposé, portait toujours une cravate et des gants immaculés ce qui exigeait des frais de blanchisserie quotidiens et témoigne d'un train de vie luxueux."
Jusqu'au 19 mai 2019 au musée des beaux-arts de Rouen. Gratuit. mbarouen.fr
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