"Je n'aime pas avoir l'air d'un soufflé au fromage", dit la jeune femme de 25 ans sur le chemin du salon de coiffure qui l'emploie comme agent publicitaire, via des vidéos sur Facebook.
C'est avec ce franc-parler et cette confiance en elle que Solongo s'est lancée en octobre dans la première compétition organisée dans le pays pour sélectionner la candidate mongole au titre de Miss Univers, un concours qui se tenait lundi en Thaïlande.
Elle a échoué de peu mais sa présence aux épreuves de sélection est tout un symbole dans un pays encore très conservateur.
Si elle avait gagné, elle aurait concouru à Bangkok aux côtés de la représentante de l'Espagne, Angela Ponce, première candidate transgenre de l'histoire de la compétition.
"Je voulais inspirer le plus de femmes possibles", dit Solongo à l'AFP. "Je suis déjà fière d'avoir eu une chance de concourir. La 'Solongo' que j'ai créée a été la vraie gagnante dans mon coeur".
Mais sa participation, loin d'avoir plu à tout le monde, a suscité des réactions peu amènes.
"Le monde aurait une image négative de notre pays si un homme nous représentait alors qu'on a des milliers de vraies femmes magnifiques", peut-on lire sur la page Facebook de Miss Univers Mongolie.
Ne pas rester caché
Pas de quoi intimider Solongo, née Bilguun dans un corps de garçon, dans la province semi-aride de Dundgovi (centre).
C'est en travaillant pour une association, La Jeunesse pour la Santé, qui fournit des conseils pour des rapports sexuels sans risque aux LGBT (Lesbiennes, Gays, Bisexuels et Transgenres), qu'elle réalise tardivement être une femme dans un corps d'homme. Elle se met alors à porter perruques et robes et entreprend un traitement hormonal.
Elle est l'une des rares personnes à se dire ouvertement transgenre dans un pays où 80% des LGBT préfèrent vivre cachés, selon une étude de l'ONU.
"Il est très difficile pour les transgenres de se faire embaucher", souligne Baldangombo Altangerel, un responsable du centre LGBT.
L'an dernier, une vidéo d'une jeune transgenre victime de violences a été diffusée, montrant ce que certaines personnes LGBT peuvent endurer.
Forte de sa notoriété, Solongo s'applique à casser les préjugés. Sur les réseaux sociaux ou à la télévision, elle explique qu'être transgenre ne relève pas de la maladie mentale et n'implique pas d'être prostituée ou strip-teaseuse.
Elle-même a son métier de maquilleuse, voyage beaucoup et est célèbre dans le pays de trois millions d'habitants depuis qu'en 2014 elle a fini dixième dans un concours de beauté transgenre en Thaïlande.
"Si l'on reste caché, la société continuera de nous détester. Elle ne nous connaît pas".
Mais elle peut aussi se montrer sévère contre la communauté transgenre, selon elle trop prompte à se plaindre, pas assez à se mettre au travail.
"Au lieu de dire 'nous sommes des êtres humains comme les autres', nous devons faire nos preuves par nos actes. Montrons aux autres que nous gagnons notre vie comme tout le monde".
Source d'inspiration
Solongo, dont la page Facebook et ses plus de 120.000 "likes" témoigne de la popularité, va prochainement lancer une émission mettant en scène cinq femmes à la recherche d'une nouvelle image. Elle les aidera à perdre du poids, changer de coiffure ou de maquillage.
Sarangoo Sukhbaatar, 25 ans, est l'une de ces cinq femmes sélectionnées parmi 25 candidates. Elle est ravie de côtoyer Solongo: "Elle comprend vraiment ce que ressentent les femmes", explique-t-elle.
"Ses buts, sa patience m'inspirent", ajoute-t-elle. Et "si un homme peut être aussi beau qu'elle, les femmes peuvent être encore bien plus belles qu'elles ne le sont aujourd'hui".
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