"Déçu de la défaite et surtout d'avoir abandonné mes frères. Mais je suis fier de la couleur de ma peau. D'être Français, Sénégalais, Napolitain. D'être un homme", a tweeté Koulibaly, en italien, après le match.
Une heure plus tôt, le défenseur central avait été exclu du terrain pour deux cartons jaunes reçus coup sur coup, le deuxième pour avoir applaudi ironiquement l'arbitre.
A cet instant, des cris de singe ont de nouveau retenti dans les tribunes du stade San Siro, comme à plusieurs reprises depuis le début du match.
"On a demandé trois fois la suspension du match et il y a eu trois annonces. Mais le match a continué", a déploré son entraîneur Carlo Ancelotti sur la chaîne Sky.
Le précédent Muntari
Ces cris de singe sont un phénomène récurrent dans le football italien et Koulibaly, qui a reçu jeudi le soutien de Cristiano Ronaldo - "Non au racisme et à toutes offenses et discriminations", a écrit le Portugais sur Twitter - en avait déjà été victime à Rome en février 2016, lors d'un match face à la Lazio.
Plus récemment, le milieu de terrain français de la Juventus Turin Blaise Matuidi avait été victime de faits similaires à deux reprises, en janvier 2018 à Cagliari et en décembre 2017 sur le terrain du Hellas Vérone.
Lors de la saison 2016-2017, le Ghanéen Sulley Muntari, qui évoluait à Pescara, avait quitté la pelouse de Cagliari après avoir été lui aussi la cible de cris racistes. Cela lui avait valu un deuxième avertissement et une suspension d'un match, finalement annulée en appel.
Avant eux, l'Ivoirien Zoro, le Ghanéen Boateng, le Nigérian Omolade ou le Camerounais Eto'o avaient déjà été confrontés à des actes racistes, sans que cela donne lieu à de réelles sanctions.
"Quasiment aucun incident ne répond aux critères qui doivent être réunis pour que les clubs soient sanctionnés. Et les sanctions, quand il y en a, ne sont qu'avec sursis. C'est ridicule", avait déclaré à l'AFP Mauro Valeri, responsable de l'Observatoire sur le racisme et l'antiracisme dans le football, après l'affaire Muntari en mai 2017.
Jeudi, le maire de Milan, Giuseppe Sala (centre-gauche), a déclaré ainsi avoir eu "honte" des cris racistes et demandé "pardon" à Koulibaly au nom de sa ville.
"Il faut des +couilles+"
"Si l'Italie ne parvient pas à battre ce cancer, alors elle n'a pas d'avenir", a estimé Mino Raiola, le nouvel agent de Koulibaly. "Le football est un miroir de la société. Il faut un objectif unique, il faut du courage, il faut des idées saines, il faut des +couilles+", a ajouté l'influent agent néerlandais.
"Nous condamnons toute forme de violence, qu'elle soit physique ou verbale, la discrimination raciale étant un facteur aggravant. Nous n'acceptons pas que de tels comportements abiment le football", a déclaré le nouveau président de la fédération italienne de football, Gabriele Gravina, qui souhaite simplifier les règlements pour permettre aux arbitres d'interrompre plus facilement un match.
De graves incidents ont également eu lieu en dehors du stade mercredi soir, provoquant la mort jeudi d'un supporter de l'Inter de 35 ans qui a été renversé par un véhicule en marge d'une attaque menée par une centaine d'ultras contre des minibus transportant des tifosi napolitains.
Selon le préfet de police de Milan, Marcello Cardona, ancien arbitre de Serie A, des dizaines d'ultras de l'Inter, mais aussi de Varese et de Nice, ont participé à cette attaque "ignoble" dans laquelle quatre supporters de Naples ont été blessés.
Trois ultras de l'Inter ont été arrêtés et le préfet a annoncé qu'il demanderait l'interdiction des déplacements de supporters de l'Inter jusqu'à la fin de la saison, ainsi que la fermeture pour six matches du virage où se réunissent les principaux groupes de tifosi du club nerazzuro.
Le ministre de l'Intérieur et homme fort du gouvernement italien, Matteo Salvini, a annoncé qu'il convoquerait en janvier dirigeants et supporters de Serie A et B. "Ce n'est pas possible de mourir pour un match de foot", a-t-il insisté, sans mentionner les insultes contre Koulibaly.
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