"Le gouvernement et l'exécutif restent vigilants", assure l'Elysée à l'AFP, interrogé lundi sur d'éventuelles inquiétudes de l'exécutif face à la colère des "gilets jaunes", toujours présente même si le mouvement lancé le 17 novembre a faibli avant les fêtes.
"On a toujours la même vigilance pour que les Français puissent passer les fêtes dans de bonnes conditions", ajoute l'Elysée, précisant que le président Emmanuel Macron "se tient informé", "passe Noël en famille et prend quelques jours pour se reposer".
Le chef de l'Etat a annoncé le 10 décembre une série de mesures pour répondre au mouvement des "gilets jaunes" contre "l'injustice fiscale" qui s'est exprimé partout en France et parfois avec violence, acceptant de revenir sur la taxe carbone et annonçant notamment la défiscalisation des heures supplémentaires ou l'exonération élargie de la hausse de CSG pour des retraités.
"Nous avons (...) annoncé un certain nombre de mesures, qui seront mises en oeuvre dès le 1er janvier 2019", a rappelé Edouard Philippe.
Il y aura "un grand débat pour que l'ensemble des Français, y compris ceux qui pendant longtemps se sont estimés moins représentés, plus éloignés du débat public, puissent dire quelles sont leurs attentes".
Mais, "ce débat et le fonctionnement de nos institutions exigent un retour à l'ordre" et "que cessent les provocations", a-t-il poursuivi, ciblant "ces déclarations parfois empreintes d'antisémitisme, ces violences, cette volonté de casser, d'attaquer délibérément les forces de l'ordre".
"Je ne confonds pas ceux qui manifestent de cette façon et ceux qui pacifiquement expriment des revendications", a toutefois nuancé Edouard Philippe.
Mais, selon lui, "au fur et à mesure qu'il dure, ce mouvement se traduit par une radicalisation d'une grande violence".
"Rassemblements sporadiques"
Les déclarations du Premier ministre suivaient sa rencontre avec des policiers pris à partie samedi sur les Champs-Elysées par des manifestants, qui ont poussé à terre l'une de leurs motos et jeté des pavés et trottinettes sur les agents. L'un d'eux a brièvement dégainé son pistolet.
"Tout est mis en oeuvre pour identifier les auteurs, et les traduire devant la justice, faire en sorte qu'ils soient punis sévèrement", a assuré le chef de l'exécutif alors qu'une enquête est ouverte.
Outre cet épisode sur les Champs-Elysées, le gouvernement a mis l'accent sur d'autres images, notamment celle de la vingtaine de "gilets jaunes" entonnant sur l'air du chant des Partisans la "chanson de la quenelle" de Dieudonné M'Bala M'Bala - condamné en 2017 pour des propos antisémites -, et celle d'un pantin à l'effigie d'Emmanuel Macron décapité vendredi à Angoulême.
Le porte-parole du gouvernement, Benjamin Griveaux, a de nouveau dénoncé lundi les dégradations de permanences d'élus LREM, comme "l'acte odieux" qui a visé celle du député Guillaume Chiche à Niort.
De nombreux "gilets jaunes" dénoncent ces débordements, appelant à éviter "l'amalgame" avec leur mouvement contre la hausse des taxes et la baisse du pouvoir d'achat.
Plusieurs manifestations ponctuelles ont eu lieu lundi et des échangeurs sont restés fermés, a informé Vinci Autoroutes, comme ceux de Bollène et d'Orange Sud restés, fermés en entrée comme en sortie.
En dépit de ces évènements, un répit semblait se dessiner pour Noël, après plus de six semaines de tension.
Selon la DDSP des Bouches-du-Rhône, aucun gilet jaune n'a été vu autour de Marseille lundi, et "seuls quelques rassemblements sporadiques" sont relevés à l'approche d'Avignon, "sans gêne pour la circulation". Les porte-parole locaux ont confirmé à l'AFP qu'ils ne prévoyaient aucune action pour lundi.
Au péage du Muy dans le Var, "le rond-point reste toujours occupé, même s'il n'y aura pas d'action coup de poing pour les fêtes", a annoncé à l'AFP Jocelin Berri, porte-parole des "gilets jaunes".
Toutefois, la prudence est de mise : certains appels à un "Acte VII" samedi circulent sur les réseaux sociaux, comme à Bordeaux, où un "rassemblement festif" s'organise pour la Saint-Sylvestre.
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