Ce Français de 36 ans, parmi les jihadistes français les plus recherchés au monde, est une prise de choix pour l'antiterrorisme français. Devenu au Yémen un cadre d'Al-Qaïda dans la péninsule arabique (Aqpa), il avait été inscrit en septembre 2015 par les Etats-Unis sur leur liste noire des "combattants terroristes étrangers".
S'il n'est pas officiellement visé par l'enquête sur l'attentat à Charlie Hebdo perpétré le 7 janvier 2015 par ses intimes, Saïd et Chérif Kouachi, Peter Cherif est considéré comme une précieuse source d'informations pour les services de renseignements occidentaux comme pour la justice française.
Il avait disparu en mars 2011 au dernier jour de son procès à Paris, où il était jugé pour être parti combattre dans les rangs d'Al-Qaïda en Irak en 2004.
Une semaine après son arrestation à Djibouti, le 16 décembre, il a été expulsé samedi soir par les autorités locales et a embarqué vers 22H20 à bord d'un vol Air France, menotté dans le dos et sous escorte, selon un photographe de l'AFP.
Selon la présidence djiboutienne, Peter Cherif était arrivé à Djibouti par voie maritime via la ville côtière d'Obock, en provenance du Yémen, en possession de fausses pièces d'identité.
Dimanche, il a été réceptionné à l'aube par les policiers de la DGSI (Direction générale de la sécurité Intérieure) à son arrivée à l'aéroport Roissy-Charles-De-Gaulle.
Peter Cherif "avait fui la justice française, il devra devant elle répondre de ses actes", a tweeté dans la foulée le ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner, saluant "l'efficacité" de ses services et des "échanges internationaux".
Droit au silence
Peter Cherif a été "placé en garde à vue dans le cadre d'une enquête préliminaire ouverte par le parquet de Paris en mai 2017" pour "association de malfaiteurs terroriste criminelle", a précisé dimanche le parquet antiterroriste.
"Il a pu s'entretenir avec son avocat", Eric Plouvier, qui l'assistait déjà avant sa fuite, a appris l'AFP de source proche du dossier. Selon cette source, "il entend faire valoir son droit au silence jusqu'à sa présentation à un juge d'instruction", issue probable de sa garde à vue qui peut durer jusqu'à 96 heures.
En raison de ses liens avec les frères Kouachi, le nom de Peter Cherif apparaît dans l'enquête sur les attentats de janvier 2015 (Charlie Hebdo, Montrouge, Hyper Cacher), qui ont fait 17 morts.
Mais s'il a pu être présenté par certains médias comme un "possible commanditaire" de ces attentats, Peter Cherif ne fait l'objet d'aucun mandat d'arrêt dans ce dossier. Quatre ans après ces attaques, les premières de la vague jihadiste qui a frappé la France, le parquet de Paris vient de requérir un renvoi aux assises pour 14 suspects, en grande partie des soutiens logistiques présumés des tueurs.
Peter Cherif devrait néanmoins être interrogé sur le bref séjour, en 2011, de Chérif Kouachi au Yémen, d'où l'organisation AQPA avait ensuite revendiqué l'attentat contre Charlie Hebdo.
Arrêté une première fois à Falloujah, en Irak, fin 2004 alors qu'il combattait dans les rangs d'Al-Qaïda en Irak, Peter Cherif, condamné à 15 ans de prison à Bagdad, s'était ensuite évadé d'une prison irakienne en mars 2007 avant de rejoindre la Syrie.
Extradé par la suite en France, il y fut incarcéré pendant 18 mois. Il avait disparu en mars 2011, absent au délibéré de son procès à Paris, et avait pris la fuite vers le Yémen. Condamné à cinq de prison, il avait fait immédiatement l'objet d'un mandat d'arrêt en vue de l'exécution de sa peine.
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