Le Congrès américain a suspendu samedi les discussions sur un compromis budgétaire permettant de sortir de l'impasse, et aucun vote n'est attendu avant jeudi.
Faute de financement du Congrès, de nombreux ministères et agences gouvernementales ont fermé leurs portes samedi matin, laissant environ 800.000 fonctionnaires en congé sans solde ou, pour les services jugés essentiels, forcés de travailler sans être payés alors que la période des fêtes bat son plein.
Le chef de la majorité sénatoriale Mitch McConnell, après avoir annoncé que le Sénat se réunirait de nouveau le 27 décembre, s'est dit "heureux que des discussions productives se poursuivent".
"Quand ces négociations produiront une solution acceptable par toutes les parties --ce qui veut dire 60 votes au Sénat, une majorité à la Chambre et une signature présidentielle-- alors nous la présenterons en séance", a-t-il ajouté.
"Abandonnez le mur"
M. Trump réclame que le budget de fonctionnement d'une partie de l'administration intègre 5 milliards de dollars pour financer la construction d'un mur à la frontière avec le Mexique, l'un de ses principaux engagements de campagne. Ce que refuse catégoriquement l'opposition démocrate, qui propose une allocation de 1,3 milliard de dollars pour l'amélioration de la sécurité aux frontières.
"Nous négocions avec les démocrates sur la sécurité aux frontières dont nous avons absolument besoin (gangs, drogues, trafic d'êtres humains et plus) mais ça pourrait durer longtemps", avait prévenu samedi en fin de matinée le président américain, qui restera à Washington pour Noël au lieu de se rendre dans sa résidence en Floride.
Le patron des sénateurs démocrates Chuck Schumer a rendu l'occupant de la Maison Blanche responsable de la situation. "Si vous voulez ouvrir le gouvernement, abandonnez le mur, purement et simplement", a-t-il dit, fustigeant une barrière "chère, inefficace dont la majorité des Américains ne veulent pas".
Avec seulement 51 sièges sur 100 au Sénat, les républicains ne disposent pas des 60 voix nécessaires pour l'adoption d'une loi budgétaire. Et ils ne peuvent pas compter sur un appui des démocrates.
Le temps presse pour le président car les démocrates reprendront en janvier la majorité à la Chambre des représentants après leur victoire électorale en novembre.
Le "shutdown" affecte des ministères importants comme la Sécurité intérieure, la Justice, le Commerce, les Transports, le Trésor ou l'Intérieur, qui gère les parcs nationaux très visités pendant les fêtes, comme le Grand Canyon.
"Il obtiendra ce qu'il veut"
Au National Mall à Washington, parc regroupant des musées, monuments et mémoriaux, les sites en plein air étaient accessibles, mais pas les toilettes publiques. Dans la capitale fédérale, les touristes se montraient critiques sur ce "shutdown".
"C'est ridicule et pas nécessaire", a dit à l'AFP Philip Gibbs, un enseignant à la retraite venu du sud de Virginie. Mais pour Howard Vander Griend, du Tennessee, "ça ne mettra pas la pression sur Trump. Il obtiendra ce qu'il veut et c'est une bonne chose".
D'autres sites touristiques de Washington sont fermés, dont le centre pour visiteurs de la Maison Blanche et les Archives Nationales qui abritent la Constitution des Etats-Unis et d'autres documents historiques.
La Statue de la Liberté doit toutefois rester ouverte au public grâce au financement de ses opérations par l'Etat de New York.
Le principal syndicat de fonctionnaires, l'AFGE, a fustigé un blocage "honteux, inacceptable et un gaspillage tout à fait évitable des dollars des contribuables".
Pour Hank Johnson, élu démocrate de Géorgie, le shutdown affecte les fonctionnaires qui "méritent de pouvoir payer leur loyer, payer des cadeaux de Noël et manger".
"Les choses ne vont pas bien aux Etats-Unis", a pour sa part tweeté l'élu républicain Carlos Curbelo.
Ce blocage budgétaire est le troisième de l'année, après janvier (trois jours) et février (quelques heures), déjà à cause de la question migratoire.
Il intervient dans un contexte tendu avec l'annonce présidentielle du retrait des troupes américaines de Syrie. Cette décision a provoqué les démissions du ministre de la Défense Jim Mattis et de l'émissaire pour la coalition internationale antijihadistes Brett McGurk.
Reste à savoir comment Wall Street, qui sera ouvert lundi pour une séance raccourcie, va réagir à cette prolongation.
La Bourse de New York a enregistré cette semaine son pire plongeon hebdomadaire depuis 2008, agitée notamment par la hausse des taux d'intérêt, la menace de "shutdown", la guerre commerciale et la perspective d'un ralentissement économique aux Etats-Unis.
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