La ministre des Affaires étrangères Chrystia Freeland a fait valoir au cours d'une conférence téléphonique que la détention de deux Canadiens --l'ex-diplomate Michael Kovrig et le consultant Michael Spavor-- officiellement pour activités "menaçant la sécurité nationale", n'était pas un problème purement canadien mais concernait aussi les alliés d'Ottawa.
"Nous pensons qu'il s'agit d'un précédent inquiétant, non seulement pour le Canada, mais pour le monde entier", a fait valoir Mme Freeland, qui a une nouvelle fois demandé la libération "immédiate" des deux hommes.
De son côté, le Premier ministre Justin Trudeau, qui effectuait une visite surprise aux troupes canadiennes déployées au Mali, a déclaré "attendre des autorités chinoises qu'elles libèrent les ressortissants canadiens", et souligné que "les Canadiens et le reste du monde trouvaient très troublantes les actions" de Pékin dans cette affaire.
"Nous estimons que le respect de la légalité et des droits des prisonniers sont très importants", a ajouté le Premier ministre, selon des extraits diffusés à la télévision.
Mme Freeland a remercié les Etats-Unis, le Royaume-Uni et l'Union européenne pour leurs déclarations de soutien, soulignant qu'Ottawa allait continuer à travailler avec ses alliés et partenaires pour former "un front uni", afin d'obtenir la libération de ses ressortissants.
"Nous pensons que le Canada est le plus efficace lorsqu'il travaille de concert avec ses alliés et c'est ce que nous faisons", a ajouté la ministre.
"Je continuerai dans les jours qui viennent à parler de cette question avec mes homologues et les ambassadeurs du Canada feront de même", a-t-elle dit.
La ministre avait durci le ton face à Pékin vendredi, exigeant la "libération immédiate" des ressortissants canadiens et qualifiant leur détention "d'arbitraire".
Pour de nombreux observateurs, ces détentions pourraient être un moyen pour la Chine de faire pression sur Ottawa après l'interpellation début décembre à Vancouver de la directrice financière du géant chinois des télécommunications Huawei, Meng Wanzhou, à la demande de la justice américaine.
Interrogée sur l'existence d'un rapport entre l'interpellation de Mme Meng et l'arrestation des deux Canadiens, Mme Freeland a déclaré que dans les conversations avec les responsables chinois, ceux-ci n'avaient pas évoqué "de lien direct" entre les deux affaires.
"Ce serait tout à fait inapproprié s'il y avait un lien", a-t-elle cependant ajouté, faisant valoir que la détention, en particulier de citoyens étrangers, devait être fondée sur une procédure juridique stricte, ce qui a été le cas pour Mme Meng, qui a en outre été traitée "avec respect", a-t-elle dit.
Mme Freeland a indiqué avoir évoqué avec l'ambassadeur de Chine au Canada les conditions de détention des Canadiens mais n'a pas donné de détails sur le sort qu'il leur était réservé.
Elle a reconnu que les relations entre le Canada et la Chine traversaient "clairement une période difficile", tout en soulignant qu'il était important de poursuivre les discussions avec des responsables chinois.
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