A partir de samedi à 0H00 (05H00 GMT), des administrations ne pourront plus être financées et devraient dans les prochains jours réduire leurs activités. Du fait de cette fermeture partielle du gouvernement, des centaines de milliers de fonctionnaires pourraient être placés en congé sans solde ou être forcés de travailler sans être payés, à quelques jours de Noël.
Malgré d'ultimes tractations, les parlementaires ne sont pas parvenus à sortir de l'impasse autour du financement de la construction d'un mur à la frontière avec le Mexique, l'une des principaux engagements du président Donald Trump.
Les parlementaires du Sénat et de la Chambre des représentants ont remballé leurs affaires pour la soirée vendredi. Les travaux devraient reprendre samedi à midi (17H00 GMT).
"Espérons que ce shutdown ne durera pas longtemps", a déclaré Donald Trump dans une vidéo postée sur Twitter. Pourtant, les positions des derniers jours ont semblé très éloignées.
Obstacles au Sénat
D'un côté, le président républicain, qui a fait de la lutte contre l'immigration clandestine son cheval de bataille, a fait savoir qu'il n'apposerait pas sa signature sur une loi budgétaire ne comprenant pas une enveloppe de 5 milliards de dollars pour payer le mur.
Il avait ainsi rejeté jeudi un compromis de court terme du Sénat permettant de financer le gouvernement jusqu'au 8 février car il ne comprenait pas suffisamment de moyens pour le contrôle des frontières.
De l'autre, les élus démocrates, qui ne veulent absolument pas de ce mur. Début janvier, ils seront de nouveau majoritaire à la Chambre des représentants après leur victoire électorale de novembre, ce qui rendra encore plus délicat le passage d'une telle loi.
L'actuelle majorité républicaine avait approuvé jeudi soir un nouveau texte qui va dans le sens des exigences du président, incluant un financement de son mur à hauteur de 5,7 milliards.
Jusqu'ici, c'est au Sénat que le bât blesse pour Donald Trump. Ne disposant que d'une majorité républicaine de 51 sièges sur 100, il se heurte à la majorité des 60 voix nécessaires pour l'adoption d'une loi budgétaire.
Une fenêtre de négociations semblait toutefois possible. Le président réclame qu'à défaut de ces 5 milliards pour son mur soit consacré un montant substantiel à la sécurité aux frontières.
Contexte politique tendu
Vendredi soir, des sénateurs ont expliqué à la presse que les responsables des deux partis au sein du Congrès avaient négocié en coulisses avec la Maison Blanche, en particulier avec le vice-président Mike Pence ainsi qu'avec Jared Kushner, gendre et conseiller de M. Trump, ou encore avec le prochain secrétaire général par intérim de la Maison Blanche Mick Mulvaney.
Ils ont négocié sur un compromis qui prévoirait une enveloppe de 1,6 milliard de dollars pour la lutte contre l'immigration illégale, a expliqué à l'AFP le sénateur républicain John Cornyn.
Le président américain s'était préparé à l'éventualité de ce shutdown.
"J'ai annulé mon voyage à bord d'Air Force One en Floride pendant que nous attendons de voir si les démocrates nous aideront à protéger la Frontière Sud de l'Amérique", a-t-il tweeté vendredi en début de soirée.
"Il est possible que nous ayons un +shutdown+. Je dirais que les chances sont probablement très élevées", avait-il prédit un peu plus tôt après avoir reçu à la Maison Blanche les responsables républicains du Sénat.
Ce psychodrame du "shutdown", un classique de la politique à Washington, intervient dans un contexte déjà tendu, au lendemain de la démission du ministre de la Défense Jim Mattis qui a sonné comme un coup de tonnerre et choqué beaucoup d'élus républicains.
Utile comme la roue?
Pour essayer de convaincre les parlementaires, Donald Trump s'est même fendu d'une comparaison audacieuse vendredi matin.
"Les démocrates essaient de minimiser le concept du mur, le qualifiant de dépassé. Mais le fait est que rien d'autre ne marchera, et cela est le cas depuis des milliers d'années. C'est comme la roue, il n'y a rien de mieux", a-t-il tweeté.
Une absence d'accord entre le Parlement et la Maison Blanche signifie la fermeture de nombreux services fédéraux pendant les fêtes de fin d'année, avec des centaines de milliers de fonctionnaires placés en congé sans solde et des ministères comme la Sécurité intérieure, la Justice, l'Intérieur ou encore le département d'Etat perturbés.
Plus de 420.000 employés nécessaires au bon fonctionnement de l'Etat fédéral devraient continuer de travailler sans être payés aux échéances habituelles.
Ces discussions budgétaires sont traditionnellement difficiles. Elles s'achèvent souvent par des textes de financement temporaire du gouvernement. Mais les Etats-Unis ont déjà connu un shutdown de trois jours en janvier.
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