"Nous sommes venus ici pour montrer (notre) affection, (notre) attachement à la Catalogne", a déclaré à l'issue de ce conseil la porte-parole du gouvernement Isabel Celaa.
Mais la réaction des séparatistes à cette délocalisation dans la métropole catalane de la réunion hebdomadaire du gouvernement central, sous haute protection policière, a été hostile.
A l'appel de plusieurs organisations indépendantistes catalanes - comme l'influente Assemblée nationale catalane (ANC), organisatrice ces dernières années de mobilisations massives pour l'indépendance -, environ 40.000 personnes ont défilé en fin de journée dans le calme sur le Paseo de Gracia de Barcelone avec pour mot d'ordre "Faisons tomber le régime".
"Tant que durera la répression, le gouvernement espagnol ne sera pas le bienvenu dans notre pays", a lancé de la scène l'acteur Pep Planas.
"Tout ce que nous pouvons faire, c'est les toucher au portefeuille", déclarait à l'AFP Joan Ventura, un manifestant de 72 ans appelant à "bloquer" la Catalogne.
Police contre manifestants radicaux
Plus tôt, la police régionale des Mossos d'Esquadra a chargé à plusieurs reprises des militants radicaux qui jetaient des barrières et des pierres sur les forces de l'ordre, a constaté l'AFP. Les policiers ont tiré une fois des projectiles en mousse.
Au total, 13 personnes ont été interpellées. Les violences ont fait 62 blessés dont 35 policiers, selon les autorités régionales.
Dès l'aube, plusieurs routes avaient été coupées dans la région par les indépendantistes radicaux des Comités de défense de la République (CDR), dont l'autoroute AP-7 reliant la Catalogne à la France.
Ce conseil des ministres s'est tenu plus d'un an après la vaine tentative de sécession de la région en octobre 2017 et un an jour pour jour après les dernières élections régionales au cours desquelles les indépendantistes ont confirmé leur majorité au parlement régional.
Pendant sa réunion, le gouvernement a approuvé entre autres une forte augmentation du salaire minimum (22%), une hausse du salaire des fonctionnaires ainsi que des investissements dans les infrastructures catalanes.
Mesure symbolique, il a également rejeté la condamnation à mort de l'ancien président de la Catalogne Lluis Companys, fusillé en 1940 par le régime franquiste.
La porte-parole du gouvernement séparatiste catalan, Elsa Artadi, a sévèrement jugé les mesures annoncées. "Pour faire ça, il n'y avait pas besoin de donner tant d'importance" à ce conseil des ministres, "il n'était pas nécessaire de venir à Barcelone avec tout les coûts que cela comportait", a-t-elle dit.
Reprise du dialogue
L'image des scènes de tension de vendredi contraste avec la réunion au sommet jeudi soir entre le chef du gouvernement socialiste Pedro Sanchez et le président indépendantiste régional Quim Torra. A l'issue de celle-ci un inhabituel communiqué commun a été diffusé pour affirmer le "pari d'un dialogue effectif" en vue de "garantir une solution" à la crise catalane.
Les positions sur l'autodétermination de la Catalogne restent toutefois diamétralement opposées, la ministre des Politiques territoriales Meritxell Batet ayant martelé vendredi qu'un tel droit "n'existait pas" dans la Constitution espagnole.
Cette reprise du dialogue a été dénoncée avec virulence aussi bien par les séparatistes radicaux que par la droite espagnole.
"On aurait dit un sommet entre deux gouvernements de deux pays", a critiqué le chef de l'opposition conservatrice Pablo Casado, y voyant un "acte de trahison de l'Espagne".
"Le dialogue est selon moi un pas en arrière. Ce n'est pas le moment de dialoguer. Il me semble que c'était seulement une photo pour calmer les esprits", a lancé pour sa part Mariona Godia, une manifestante séparatiste de 35 ans, employée dans l'administration.
Investi à la tête du gouvernement début juin notamment grâce aux voix des indépendantistes catalans, Pedro Sanchez avait entamé son mandat avec la volonté de renouer le dialogue. Mais le ton s'était durci ces dernières semaines entre les deux parties.
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