Le départ de cet homme d'expérience, très respecté sur la scène internationale et qui incarnait une forme de stabilité au sein d'une administration traversée de secousses, est un coup dur pour le tempétueux président des Etats-Unis qui apparaît de plus en plus isolé.
Dans un courrier adressé au locataire de la Maison Blanche, cet ex-général des Marines de 68 ans, insiste sur la nécessité pour les Etats-Unis de "traiter les alliés avec respect", marquant implicitement son désaccord avec un président qui a pris pour cible, un à un, au cours des derniers mois, les dirigeants des principales puissances occidentales.
"Je pense que me retirer est la bonne chose à faire", ajoute-t-il dans ce courrier qui a eu l'effet d'un coup de tonnerre à Washington.
Nombre d'élus des deux bords ont exprimé leur déception, voire leur inquiétude.
"Lisez sa lettre!"
"C'est un jour très triste pour notre pays", a lancé Nancy Pelosi, chef des démocrates à la Chambre des représentants. "Lisez sa lettre! Je pense que tout le monde dans le pays devrait lire sa lettre de démission", a-t-elle ajouté.
En écho, Chuck Schumer, chef de la minorité démocrate au Sénat, a déploré le départ de l'un des "rares symboles de force et de stabilité" au sein de l'équipe au pouvoir.
Sur Twitter, Donald Trump n'a pas parlé de démission, indiquant simplement que Jim Mattis quitterait ses fonctions "à la fin de février" et qu'il nommerait un successeur "prochainement".
Dans sa lettre, le ministre démissionnaire n'évoque pas directement le dossier syrien, si ce n'est pour citer la coalition internationale contre les jihadistes du groupe Etat islamique (EI) comme exemple de l'utilité des alliances.
Mais il sait que son départ sera interprété comme la marque de son clair désaccord avec le magnat de l'immobilier, sur le dossier syrien comme sur d'autres.
D'autant que, selon plusieurs médias américains, la présidence américaine a demandé au Pentagone d'envisager un retrait partiel également d'Afghanistan -- alors que Jim Mattis avait plaidé et obtenu l'an dernier une augmentation des troupes.
Martelant que les Etats-Unis n'avaient pas vocation à être le "gendarme du Moyen-Orient", Donald Trump a lui défendu jeudi avec force le retrait des quelques 2.000 soldats américains déployés dans le nord de la Syrie, une décision prise contre l'avis de plusieurs membres de son administration.
Poutine se réjouit
Si des questions restent en suspens sur le devenir des frappes aériennes américaines contre l'EI, sur la politique de Washington vis-à-vis de l'Iran dans la région ou encore sur une décision qui laisse le champ libre à la Russie, le milliardaire républicain peut se targuer de tenir une vieille promesse.
"Il est temps que d'autres se battent enfin", a-t-il lancé sur Twitter, estimant que l'Amérique n'avait "RIEN" obtenu d'autre que la perte de vies précieuses et de milliers de milliards de dollars, et invitant "la Russie, l'Iran, la Syrie et beaucoup d'autres" à prendre le relais contre l'EI -- dont il avait clamé la veille la défaite.
Son homologue russe Vladimir Poutine, à la manoeuvre en Syrie au côté du régime de Bachar al-Assad, a salué une décision "juste". "Donald a raison", "nous avons porté des coups sérieux à l'EI en Syrie", a-t-il lancé.
L'EI a vu son "califat" autoproclamé se réduire comme peau de chagrin face à de multiples offensives, après une montée en puissance fulgurante en 2014. Mais l'organisation conserve quelques réduits et reste redoutable en raison de sa capacité à mener des attentats meurtriers à travers le monde.
France, Royaume-Uni et Allemagne, alliés des Etats-Unis dans la lutte contre l'EI et cibles régulières de ses attaques, n'ont pas caché leur inquiétude après l'annonce du retrait américain, qui a provoqué levée de boucliers dans la propre famille politique de Donald Trump.
Trump "de plus en plus seul"
Pour la présidence française, cette "décision massue" démontre que le président américain est "de plus en plus seul sur la scène internationale et à prendre ses décisions".
"L'EI a reculé mais la menace n'est pas terminée", a résumé le chef de la diplomatie allemande Heiko Maas, craignant que cela ne "nuise" à la lutte antijihadistes.
La Turquie et l'Iran, autres acteurs-clés en Syrie, se sont aussi concertés jeudi sur l'impact de ce retrait lors d'une rencontre de leurs présidents Recep Tayyip Erdogan et Hassan Rohani à Ankara.
Conséquence directe de la décision du 45e président des Etats-Unis: les miliciens kurdes des Unités de protection du peuple (YPG), en première ligne contre l'EI, pourrait s'en détourner si le président Erdogan lance, comme il menace de le faire, une nouvelle offensive contre elle.
"En temps et lieu voulus, ils seront enterrés dans les fosses qu'ils creusent", a prévenu le ministre turc de la Défense Hulusi Akar.
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