Les débats devant la cour d'assises de la capitale belge doivent s'ouvrir le 10 janvier.
Mais une première audience destinée à arrêter la liste des témoins s'est tenue jeudi en présence de Mehdi Nemmouche, dont c'était la première apparition publique.
L'homme de 33 ans, pull foncé, cheveux courts, barbe peu fournie, a décliné son identité au côté de son co-accusé, Nacer Bendrer, un menuisier de 30 ans, qui doit répondre comme lui d'"assassinat terroriste". Les deux Français encourent la réclusion à perpétuité.
"Mehdi Nemmouche espère enfin, après quatre années (d'emprisonnement), voir son innocence reconnue", a lancé son avocat, Sébastien Courtoy.
Sa défense l'a aussi décrit comme étant "dans les dispositions les plus respectueuses" à l'égard de ses juges. "Il ne restera pas muet, il fournira des explications", a assuré à l'AFP Me Henri Laquay.
D'une voix posée, Mehdi Nemmouche a pris plusieurs fois la parole lors de cette audience procédurale, afin de s'opposer au témoignage de ses proches au procès.
Au nom du respect de "son intimité", a précisé Me Courtoy, inisitant sur "l'enfance difficile" de l'accusé, élevé en partie dans une famille d'accueil où il aurait été maltraité.
Grand-mère
La présidente de la cour a rejeté cette demande, au moment de dresser en début d'après-midi la liste de la centaine de personnes appelées à témoigner.
Mehdi Nemmouche, né en 1985 à Roubaix (nord de la France) dans une famille d'origine algérienne, insistait particulièrement pour que sa grand-mère, bientôt âgée de 79 ans, ne soit pas tenue de témoigner car son audition pendant l'enquête a "extrêmement difficile" pour elle.
Son témoignage pourrait in fine se résumer à la lecture d'un procès-verbal d'audition, a expliqué la présidente.
Selon l'accusation, Mehdi Nemmouche, délinquant multirécidiviste, est l'homme qui, le 24 mai 2014, a ouvert le feu dans le hall d'entrée du Musée juif, tuant un couple de touristes israéliens, une bénévole française et un jeune employé belge du musée.
A l'époque, il était revenu depuis peu de Syrie où il avait combattu dans les rangs jihadistes. Soupçonné d'y avoir été l'un des geôliers de quatre journalistes français, il a été inculpé en novembre 2017 dans une enquête à Paris sur cette séquestration et un autre procès se profile pour lui en France.
Ce rôle présumé de geôlier a été abordé jeudi. L'accusation et plusieurs parties civiles ont souhaité que les quatre journalistes séquestrés, Didier François, Pierre Torres, Nicolas Hénin et Edouard Elias, viennent témoigner à Bruxelles, pour éclairer "la personnalité" de Nemmouche.
"Enfant de choeur"
Ses avocats ont dénoncé "une manœuvre", le risque d'"un procès dans le procès", mais leur argument n'a pas été entendu par la présidente.
Mehdi Nemmouche avait été arrêté le 30 mai 2014 en possession de plusieurs armes à la gare routière de Marseille (sud-est de la France), où s'est ensuite concentrée une partie de l'enquête.
Plusieurs policiers ou ex-policiers de la DGSI (sécurité intérieure française) devraient témoigner au procès ainsi que des surveillants de la prison de Salon-de-Provence (sud-est de la France) où Nemmouche et Bendrer avaient fait connaissance.
Ce dernier, un délinquant marseillais soupçonné d'être son complice, clame également son innocence.
"Mon client n'est pas un enfant de chœur, mais il n'a absolument rien à voir avec cette affaire, il vit un vrai cauchemar", a déclaré à l'AFP son avocate Me Christine D'Arrigo avant l'audience.
Nacer Bendrer purge actuellement une peine de cinq ans de prison pour une tentative d'extorsion de fonds dans le milieu du narcobanditisme.
Quant à Nemmouche, resté silencieux pendant l'enquête, sa première comparution publique était très attendue par les parties civiles, familles de victimes et organisations juives notamment.
"Nous sommes persuadés que ce sont les bonnes personnes qui sont dans le box des accusés", a dit Me Marc Libert, qui défend les ayants droit des deux Israéliens tués.
Avant l'ouverture des débats le 10, une audience sera consacrée le 7 janvier à la sélection des jurés.
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