Le président de la Céni Corneille Nangaa a convoqué la presse à 15h00 (14h00 GMT) à son siège à Kinshasa. Un des deux principaux candidats d'opposition, Martin Fayulu, a répété jeudi matin qu'il refusait tout report.
Les candidats présidents de la République sont invités par la Céni à participer à une réunion à 11h00.
Déjà deux fois retardées, les trois scrutins présidentiel, législatifs et provinciaux du 23 décembre sont d'une importance capitale: ils doivent organiser le départ du pouvoir du président Joseph Kabila.
M. Kabila, 47 ans, a été contraint de renoncer à un troisième mandat de cinq ans interdit par l'actuelle Constitution, après 18 ans aux affaires au total depuis l'assassinat de son père et prédécesseur Laurent-Désiré le 17 janvier 2001.
Mercredi soir, un officiel de la Céni avait confirmé et précisé à l'AFP la rumeur qui agitait Kinshasa où des envoyés spéciaux étrangers sont sur place depuis le début de la semaine pour l'élection présidentielle.
La Céni en charge de l'organisation des élections est en "consultation" pour décider d'un report de "sept jours" des élections, selon cet officiel.
C'est la première fois qu'un tel report était officiellement envisagé depuis l'annonce de l'actuel calendrier électoral le 5 novembre 2017 par le président de la Céni.
Raison invoquée par cet officiel: des retards dans le déploiement du matériel électoral, dû à l'incendie d'un entrepôt de la Céni il y a une semaine à Kinshasa, qui a porté "un grand coup" au processus électoral.
Pour l'organisation des élections, la Céni refuse l'aide logistique et financière que lui propose la communauté internationale, à commencer par les moyens aériens de l'imposante Mission des Nations unies au Congo (Monusco).
Déjà deux reports
Ces élections dans le plus grand et l'un des plus instable des pays d'Afrique sub-saharienne ont été reportées une première fois à l'expiration du deuxième et dernier mandat du président Kabila fin 2016, officiellement faute de moyens financiers.
Ce report avait suscité des protestations réprimées dans le sang en septembre et décembre 2016. Un accord in extremis sous l'égide des évêques le 31 décembre 2016 avait prolongé de facto d'un an le pouvoir du président Kabila, moyennant des élections en décembre 2017.
Elles ont une nouvelle fois été reportées officiellement en raison du retard pris dans l'enregistrement des électeurs au Kasaï, région du centre de la RDC victime d'un violent conflit entre septembre 2016 et mi-2017.
L'actuel calendrier a été fixé après une visite de l'émissaire américaine Nikki Haley à Kinshasa fin octobre 2017, quand la commission électorale n'envisageait pas de scrutins avant février-mars 2019.
"Plus de deux ans après l'expiration des délais constitutionnels, aucun report n'est justifiable", a prévenu dans un communiqué la coalition Lamuka constituée autour du candidat d'opposition Martin Fayulu.
M. Fayulu et ses alliés ont mis en garde le président de la République et celui de la commission électorale, "responsables de la manière dont le processus électoral se déroulera", et qui devront "assumer toutes les conséquences de cette mascarade".
Le communiqué est signé par M. Fayulu et ses deux puissants soutiens qui n'ont pas su présenter, l'ex-gouverneur du Katanga en exil Moïse Katumbi et l'ex-chef de guerre Jean-Pierre Bemba.
Mercredi soir, M. Fayulu a été raccompagné sous escorte policière chez lui à Kinshasa après avoir été retenu par un barrage policier à l'extérieur de la capitale où il voulait tenir une réunion publique, a constaté l'AFP.
Juste avant son arrivée, le gouverneur provincial avait suspendu la campagne électorale à Kinshasa pour des "impératifs sécuritaires", dans une lettre curieusement datée à la fois de mardi et mercredi.
Le candidat de la majorité pro-Kabila, Emmanuel Ramazani Shadary a poursuivi normalement sa campagne dans la province du Sankuru.
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