Confronté à sa première crise en interne, le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner doit recevoir ce mardi à partir de 18h30 les représentants des trois organisations syndicales représentatives chez les gardiens de la paix: Alliance, Unité-SGP-FO et Unsa-Police.
"Je ne crois pas que les policiers soient +gilets jaunes+", a affirmé le ministre quelques heures avant cette rencontre.
Depuis une petite semaine, les syndicats ont fait tout doucement monter la pression sur le gouvernement après un mois éreintant où les forces de l'ordre ont dû gérer la mobilisation des "gilets jaunes" mais aussi une menace terroriste revenue brutalement sur le devant de l'actualité avec l'attentat de Strasbourg, qui a fait cinq morts.
Lundi, les syndicats policiers, regonflés par des taux de participation record aux récentes élections professionnelles (85,54% au comité technique de la police nationale), ont décidé de durcir le ton pour contraindre l'exécutif à délier les cordons de la bourse.
Le syndicat Alliance a demandé "à tous les policiers de France de ne sortir que sur appel" mercredi, sous le mot d'ordre "fermons les commissariats". L'Unsa-Police a appelé les policiers à se lancer dans un mouvement "service minimum - 100% prévention" dès mardi.
Unité-SGP-FO a de son côté écrit au président de la République pour demander une batterie "d'avancées sociales" et brandit le spectre d'une mobilisation nationale le 26 janvier si l'exécutif restait muet à ses revendications.
"Ils ne bloqueront pas les commissariats parce qu'ils ont le sens du service public", a assuré M. Castaner.
En marge des syndicats, un mouvement baptisé "gyros bleus" et relayé sur les réseaux sociaux par des policiers en colère agite le souvenir du mouvement de fronde inédit qui a surgi à l'automne 2016 au sein de la base policière, après l'attaque au cocktail molotov dont ont été victimes des fonctionnaires à Viry-Chatillon (Essonne).
"Crise", "mal-être", "perte de sens" : un rapport parlementaire avait dressé en juillet un tableau très sombre de l'état des forces de l'ordre françaises, en particulier de la police.
Confrontations violentes
Le mois de crise des "gilets jaunes" qui vient de s'écouler, avec un niveau de mobilisation des forces de l'ordre rarement atteint et des confrontations parfois très violentes avec les manifestants, n'a rien arrangé.
Il a nourri "l'épuisement" des forces de sécurité, décrit tant par les hommes de terrain que les syndicats et même par le gouvernement qui a usé de cet argument pour demander aux "gilets jaunes" de cesser de manifester.
Si une prime a déjà été promise par Emmanuel Macron pour les forces de l'ordre mobilisées pendant la crise des "gilets jaunes", Christophe Castaner a ajouté mardi qu'il voulait s'attaquer au serpent de mer du paiement des millions d'euros d'heures supplémentaires dus aux policiers.
"L'Etat doit actuellement presque 275 millions d'euros à ses policiers au titre des heures supplémentaires, non pas de ces derniers mois ou de cette dernière année, mais depuis des dizaines d'années. C'est un chantier que je veux ouvrir", a-t-il déclaré.
Mais pour Beauvau, le chemin budgétaire est étroit car le gouvernement a accordé de lourdes concessions pour répondre aux revendications des "gilets jaunes" au risque de faire déraper les finances publiques. Le ministre s'est donc gardé de fixer un calendrier.
"Je ne peux pas dire d'un claquement de doigts que je vais trouver 275 millions d'euros (...). Ca nous prendra un peu de temps, on ne trouve pas comme ça en quelques semaines un tel montant", a-t-il fait valoir.
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