Le gouvernement "discutera de la phase suivante afin d'assurer que nous sommes prêts pour ce scénario" d'un "no deal", a déclaré Theresa May à la Chambre des Communes lundi.
L'hypothèse d'un Brexit sans accord, particulièrement redoutée par les milieux économiques, prend de plus en plus corps alors que la dirigeante conservatrice peine à convaincre les députés du bien-fondé de l'accord de divorce conclu en novembre avec Bruxelles au terme de longues et âpres négociations.
Mme May avait reporté à la dernière minute un vote sur le texte, initialement prévu le 11 décembre, face au risque qu'il se fasse retoquer par les parlementaires britanniques, ceux partisans d'un Brexit sans concessions comme ceux favorables au maintien dans le club européen.
Lundi, le chef de l'opposition travailliste, Jeremy Corbyn, a déposé une motion de défiance contre Theresa May, à la suite de son refus de convoquer le vote sur l'accord de Brexit avant la semaine du 14 janvier. Le Labour veut que les députés puissent se prononcer avant la pause parlementaire pour les fêtes de fin d'année, qui court du 21 décembre au 6 janvier.
"Il est inacceptable que nous attendions près d'un mois avant de procéder à un vote sur la question cruciale de l'avenir de notre pays", a dénoncé M. Corbyn.
"Coup de pub"
Mais la démarche a peu de chance d'aboutir. Le gouvernement, à qui revient la décision de permettre l'organisation d'un débat et d'un vote sur une telle motion, compte y faire barrage.
"Nous n'accorderons pas de temps à ce qui constitue un coup de pub", selon une source à Downing Street citée par l'agence de presse britannique Press Association. Cette source a mis au défi le Labour de déposer une motion de censure visant l'ensemble de l'exécutif, comme il a menacé de le faire à plusieurs reprises, ce qui pourrait déclencher de nouvelles élections générales.
Interrogés par l'AFP, les services de Theresa May n'ont pas fait de commentaire.
"La question est de savoir quand, et pas si, nous défierons le gouvernement avec une motion de censure globale", a prévenu le ministre du Logement au sein du cabinet fantôme du Labour, John Healey, sur BBC Radio 4.
Une telle motion aurait toutefois peu de chance de passer à l'heure actuelle, l'exécutif ayant reçu le soutien des Brexiters -qui la semaine dernière réclamaient la tête de Mme May- et de son allié nord-irlandais, le parti unioniste DUP.
"Je soutiendrai toujours le gouvernement conservateur", a assuré sur BBC Radio 4 le député europhobe Jacob Rees-Mogg, à l'origine du vote de défiance des conservateurs que Mme May a fini par remporter malgré le désaveu de plus d'un tiers des députés de son camp.
Fragilité
Si elle était adoptée, la motion de défiance travailliste ne serait dans tous les cas pas contraignante pour Theresa May. Mais elle révélerait une fois de plus la fragilité de sa position après son échec à obtenir de nouvelles munitions pour convaincre son Parlement auprès des dirigeants européens réunis en sommet à Bruxelles la semaine dernière.
Face aux divisions, de plus en plus de voix plaident pour un second référendum, dans l'opposition comme chez les conservateurs. Une cinquantaine de personnalités du monde économique ont également défendu cette solution mardi dans le quotidien Daily Telegraph.
Cette éventualité est toutefois catégoriquement rejetée par Theresa May. Elle y voit une trahison de la volonté du peuple britannique qui a voté à 52% pour le Brexit lors du référendum de juin 2016.
Une troisième voie est défendue par plusieurs ministres: donner au Parlement la possibilité de voter de manière indicative sur différentes options possibles pour le Brexit, du maintien d'une relation très étroite avec l'UE à une sortie sans accord. Le porte-parole de Mme May a cependant déclaré qu'aucun vote de la sorte n'était prévu.
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