"A l'issue d'une étude approfondie du marché et des technologies disponibles (...) ArcelorMittal confirme de ne pas vouloir relancer la production d'acier liquide sur le site" de Florange, a déclaré le groupe dans un communiqué.
ArcelorMittal va en revanche investir 22 millions d'euros dans l'usine, qui emploie encore 2.300 personnes, pour augmenter ses capacités de galvanisation des produits destinés notamment au marché automobile, a-t-il ajouté. Les hauts fourneaux employaient encore plus de 600 personnes au moment de leur arrêt temporaire en 2011.
A l'appui de sa décision de ne pas relancer la production d'acier à Florange, le groupe avance des arguments économiques, assurant que toutes les hypothèses étudiées, comme le redémarrage d'un haut-fourneau ou des deux hauts-fourneaux ou encore la construction d'une aciérie électrique, ne seraient pas compétitives.
"Dans les scénarios qu'on a analysés, tous génèrent un surcoût de production de 15% (pour une acierie électrique, ndlr) à 20%", a déclaré à l'AFP Eric Niedziela, vice-président d'ArcelorMittal et directeur général d'ArcelorMittal Atlantique et Lorraine.
Le groupe fait également valoir que son dispositif industriel actuel n'a pas besoin d'une production supplémentaire d'acier brut. "On fait 7 millions de tonnes de brames (blocs d'acier, à Dunkerque, ndlr) et on a une capacité de laminage de 7 millions de tonnes" à Florange, a expliqué M. Niedziela.
La décision a été communiquée lundi après-midi aux syndicats lors d'un comité central d'entreprise (CCE) extraordinaire.
"La direction a confirmé ce qu'avait déjà compris la CFE-CGC depuis de nombreuses années: l'arrêt de la filière liquide lorraine est aujourd'hui définitif", a déploré ce syndicat.
"Cet accord, cela a toujours été un marché de dupes", a déclaré à l'AFP Frédéric Weber, délégué FO ArcelorMittal Florange. "Certains ont voulu alimenter un fantasme pendant cinq ans et demi, mais c'était juste une manière de faire passer la pilule en attendant que les choses s'apaisent", a-t-il dit, en parlant de "gâchis".
Le maire LR de Florange, Rémy Dick, a estimé que la décision était "attendue" et "semblait évidente aux vues des contraintes techniques et environnementales ainsi qu'au coût élevé qu'aurait engendré ce redémarrage".
usine stratégique
ArcelorMittal avait annoncé en 2012 sa décision d'arrêter les deux hauts-fourneaux produisant de l'acier brut à Florange, suscitant un tollé syndical et politique.
Fin novembre 2012, un compromis avait été acté par le Premier ministre Jean-Marc Ayrault au terme de plusieurs semaines de bras de fer entre ArcelorMittal et le ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg, partisan d'une nationalisation temporaire de Florange pour le revendre à un repreneur.
M. Montebourg avait à l'époque lancé dans la presse: "nous ne voulons plus de Mittal en France", avant de tempérer ses propos. Le président François Hollande avait reçu le lendemain le PDG du groupe Lakhsmi Mittal pour trouver une solution provisoire.
Le compromis instaurait une période d'observation de six ans durant laquelle les hauts-fourneaux étaient "mis sous cocon", dans l'attente d'une décision sur une possible relance. Le groupe s'engageait à ne procéder à aucun licenciement et à investir 180 millions d'euros sur cinq ans.
ArcelorMittal assure avoir rempli ses engagements. Les 629 personnes concernées par les suppressions de postes ont été reclassées ou sont parties en retraite et plus de 300 millions d'euros ont été investis à ce jour, a indiqué le groupe.
Le site de Florange a embauché plus de 300 personnes, selon M. Niedziela qui a souligné que "la Lorraine est un axe stratégique et cette usine est une usine stratégique".
Le nouvel investissement de 22 millions ira à l'agrandissement d'une ligne de galvanisation, après 67 millions l'année dernière, pour porter la capacité de production de 600.000 tonnes à 800.000 tonnes de produits d'acier par an.
L'usine de Florange fabrique des produits plats pour les secteurs de l'automobile, de l'emballage et pour l'industrie. Plus de 70% est exporté. L'automobile est un débouché clé, avec les aciers à haute valeur ajoutée des gammes Usibor et Ductibor.
ArcelorMittal veut maintenant "s'engager le plus rapidement possible" dans le démantèlement des hauts-fourneaux pour "mettre à disposition" les terrains pour d'autres industries. Le coût en est estimé à 200 millions d'euros et le calendrier de l'ordre de 3 à 4 ans, a précisé Eric Niedziela.
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