Un nombre de manifestants divisé par deux (66.000), moins de blessés, d'interpellations et de voitures qui brûlent: après un mois de blocages, des centaines de milliers de personnes dans les rues et des scènes d'insurrection, la journée de samedi a marqué, selon Jérôme Sainte-Marie, sondeur à Pollingvox, "la fin d'un cycle de mobilisation".
Si tous les blocages ne se lèveront pas en un jour, le gouvernement ne cache pas son soulagement. "Le temps du dialogue est venu", souligne le président de l'Assemblée Richard Ferrand, un très proche d'Emmanuel Macron.
"Les ronds-points doivent être libérés et la sécurité de tous redevenir la règle", a ajouté le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner.
Mais pas question de crier victoire et encore moins de conclure à une quelconque défaite des "gilets jaunes" qui ont obtenu bien plus que les syndicats ou partis d'opposition avant eux.
Annulation de la hausse de la taxe carbone, gel des tarifs de l'électricité et du gaz, hausse de 100 euros des revenus au niveau du Smic, heures supp défiscalisées, exemption de hausse de CSG pour les retraités gagnant moins de 2.000 euros... la liste des concessions arrachées au président Macron est spectaculairement longue.
"Ils ont réussi à faire reculer un pouvoir qui pourtant paraissait très fort", estime Jérôme Sainte-Marie, pour qui le mouvement s'essouffle seulement parce qu'il "n'a plus d'objet, car pas d'objectif précis".
Grand débat
Au-delà des mesures, qui coûteront 10 milliards d'euros à l'Etat, selon Richard Ferrand, les "gilets jaunes" ont réussi à pousser Emmanuel Macron, dépeint en Jupiter en début de mandat, à modifier sa manière d'exercer le pouvoir.
Le président, qui perd encore deux points dans un sondage Ifop pour le JDD à 23% d'opinions favorables, "sera désormais obligé d'avoir une attitude plus attentive avec les corps intermédiaires, les syndicats ou les maires, et même directement au contact avec les Français", souligne Jean-Daniel Levy, de Harris Interactiv.
La tentative de rapprochement doit se cristalliser lors du grand débat que l'exécutif lance sur deux mois et demi. Cette "grande concertation nationale", dont les détails doivent être connus dans la semaine, doit s'appuyer fortement sur les maires et aborder quatre grands thèmes (transition écologique, fiscalité, organisation de l'Etat, démocratie et citoyenneté auxquels on a inclus l'immigration).
En préambule, l'Association des Maires ruraux de France a lancé dimanche un appel demandant à la France périphérique et silencieuse de se "débarrasser du +complexe du plouc +" et de les "soutenir" pour "imposer" leur parole commune face à la "cécité" de beaucoup de dirigeants.
Selon le président de l'association, Vanik Berberian, la demande est forte. L'ouverture de cahiers de doléances dans de nombreuses communes a rencontré "un très grand succès". "Les questions autour du pouvoir d'achat reviennent régulièrement, mais pas seulement", a-t-il déclaré sur franceinfo.
"Pas de carabistouille"
Après la taxe carbone, les revendications des "gilets jaunes" se sont rapidement élargies à la question globale du pouvoir d'achat avant de déborder sur d'autres thèmes. Samedi, les manifestants étaient nombreux à réclamer l'organisation d'un "RIC", un référendum d'initiative citoyenne.
Richard Ferrand invite chacun à dire "ce qu'il pense" lors de ce grand débat qui permettra cependant aussi, selon lui, à chacun de "prendre la mesure de la complexité des sujets". "Parce que le +yakafokon+, c'est le contraire de l'intelligence collective", dit-il.
Les revendications diverses et parfois contradictoires d'un mouvement aussi peu structuré que celui des "gilets jaunes" rendent très difficile toute prédiction quant à son avenir et ses éventuels débouchés politiques.
Mais, pour Jérôme Sainte-Marie, un retour à la situation d'avant le 17 novembre est exclu et l'exécutif a vraiment intérêt à tenir ses promesses.
"Si jamais les mesures concernant le pouvoir d'achat ne sont pas appliquées, il y a un risque de reprise de mobilisation très important. Car les gens ont pris conscience de leur pouvoir", dit-il.
"Il n'y aura pas de carabistouille", "l'engagement du président sera tenu", assure Richard Ferrand. Qui en appelle à "la responsabilité des parlementaires" pour valider jeudi à l'Assemblée et vendredi au Sénat les mesures afin qu'elles soient applicables dès le 1er janvier .
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