L'ampleur des manifestations, qui ont réuni quelque 136.000 personnes lors des deux derniers "actes" marqués par des scènes de guérilla urbaine et un dispositif sécuritaire exceptionnel, sera scrutée de près par un exécutif en proie à une crise sociale inédite.
"On s'attend à un mobilisation un peu moindre mais avec des individus un peu plus déterminés", a déclaré vendredi soir le secrétaire d'État à l'Intérieur Laurent Nuñez, promettant "le même degré de réponse" (des forces de l'ordre) que samedi dernier.
Un "gilet jaune" du Vaucluse, Christophe Chalençon, qui fait pourtant partie des représentants "constructifs" du mouvement, a appelé à "devenir encore plus ferme". Il manifestera samedi "jusqu'à la démission" du président.
Quelque 69.000 forces de l'ordre seront déployées sur le territoire, selon le ministère de l'Intérieur, contre 89.000 samedi dernier. En régions où de nombreuses manifestations sont annoncées, des renforts sont prévus là ont eu lieu des violences, comme Bordeaux ou Toulouse.
De nouveau, des contrôles en amont auront lieu sur les routes, dans les gares et les transports en commun menant vers Paris et les manifestants en possession de projectiles susceptibles d'être lancés contre les forces de l'ordre seront placés en garde à vue.
Samedi dernier, près de 2.000 personnes avaient été interpellées, un record.
Dans la capitale, où l'avenue des Champs-Elysées est devenue l'épicentre des manifestations, le dispositif policier sera également "assez semblable", avec 8.000 forces de l'ordre déployées et appuyées notamment par 14 véhicules blindés à roues (VBRG), selon le préfet de police Michel Delpuech.
Les accès aux institutions (Palais de l'Elysée, Hôtel Matignon, Assemblée nationale, ministère de l'Intérieur, etc.) seront protégés.
En revanche, signe que la tension retombe un peu, la Tour Eiffel, l'Opéra Garnier, les musées du Louvre, d'Orsay et le Grand palais, fermés samedi dernier, seront ouverts, tout comme les grands magasins (Galerie Lafayette, BHV et Printemps) à l'approche de Noël.
Il ne faut "pas tomber dans une logique de +Paris, ville morte+", a plaidé le préfet.
Les images de Paris en état de siège, avec feux de véhicules, barricades et gaz lacrymogène, ont fait le tour du monde.
"Ne pas lâcher"
Emmanuel Macron, vilipendé dans les manifestations, a lancé vendredi un appel à un retour au "calme", à "l'ordre" et à "un fonctionnement normal" du pays.
Ses annonces dévoilées lundi, dont la plus emblématique porte sur une hausse de 100 euros des revenus au niveau du Smic, ont été diversement reçues par des Français réclamant moins de taxes et plus de pouvoir d'achat.
Après l'attentat jihadiste de Strasbourg mardi qui a fait quatre morts, les appels, notamment au sein de la majorité et du gouvernement, à ne pas manifester ont aussi été rejetés par une partie des "gilets jaunes", n'y voyant aucun rapport.
Si les modérés, représentés par le collectif des "gilets jaunes libres" ont appelé à une "trêve" et estimé que "le temps du dialogue est venu", d'autres ont affiché leur détermination à redescendre dans la rue pour obtenir de nouvelles avancées sociales et économiques.
"C'est le moment où, justement, il ne faut pas lâcher", a ainsi exhorté jeudi dans une vidéo Eric Drouet, l'un des initiateurs du mouvement: "ce que Macron a fait lundi, c'est un appel à continuer, parce qu'il commence à lâcher quelque chose et, venant de lui, c'est inhabituel".
"Dans l'Ariège, ça ne désarme pas, les annonces de Macron ne suffisent pas. Les gens au pouvoir sont très déconnectés de ce que les Français vivent", estime de son côté Guilhem Boudon, pasteur à Mirepoix et venu à Paris dès vendredi en vue de "l'acte V".
En parallèle, d'autres figures du mouvement réclament désormais un référendum à Emmanuel Macron, sur quatre propositions, notamment l'instauration d'un référendum d'initiative citoyenne et la baisse des taxes sur les produits de première nécessité.
burs-alh/blb/mf
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