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Macron au chevet de Strasbourg, où le bilan s'alourdit

Trois jours après l'attentat contre le marché de Noël de Strasbourg, Emmanuel Macron s'est rendu vendredi au chevet de la ville endeuillée par l'attentat jihadiste de mardi alors que le bilan s'est alourdi avec un quatrième décès, un journaliste italien.

Macron au chevet de Strasbourg, où le bilan s'alourdit
Le président français Emmanuel Macron à Strasbourg, le 14 décembre 2018 - Jean-Francois Badias [AFP]

Une victime est en état de mort cérébrale et onze autres sont blessées, certaines grièvement.

Arrivé à 19H00 place Kléber, le coeur battant du centre historique, le chef de l'Etat a déposé une rose blanche devant le mémorial improvisé pour les victimes, avant de déambuler dans le centre-ville, dans une ambiance à la fois émue et bon enfant.

Emmanuel Macron s'est recueilli devant ce mémorial érigé sur le socle de la statue du général Kléber, alors que des détachements de militaires entonnaient une Marseillaise a capella, rejoints par la foule. Des centaines de bougies, fleurs et petits mots ont été déposés là depuis mercredi.

A son arrivée à l'aéroport de Strasbourg, le chef de l'État avait rencontré pendant plus d'une demi-heure quelques membres des forces de l'ordre intervenus en première ligne pour tenter d'arrêter l'équipée meurtrière de Chérif Chekatt, le délinquant multirécidiviste devenu jihadiste, tué jeudi soir au terme d'une chasse à l'homme de 48 heures.

Après son étape sur la place Kléber, Emmanuel Macron a flâné entre les chalets du marché de Noël, fermé depuis l'attentat et qui avait rouvert à 11H00.

Au détour d'une allée, une image restera comme un symbole, quand le président Macron a longuement consolé un enfant en pleurs.

"C'est la nation toute entière qui est aux côtés des Strasbourgeois. C'est ce que je voulais leur dire ce soir", a-t-il lancé devant les micros.

Un peu plus tôt, Rome avait annoncé la mort d'Antonio Megalizzi, journaliste italien de 28 ans originaire de Trente (nord-est). Le jeune homme, qui couvrait une session du Parlement européen à Strasbourg a été touché à la tête et était inopérable.

"Risque attentat"

Signe d'un retour progressif à une situation sécuritaire un peu moins tendue, le plan Vigipirate a été ramené vendredi soir au niveau "Risque attentat", après avoir été porté à son plus haut niveau, "Urgence attentat", après la fusillade de Strasbourg.

La métropole alsacienne continuait vendredi de panser ses plaies, comme lors des obsèques d'un garagiste afghan venu en France pour échapper à la violence dans son pays et tombé sous les balles de Chérif Chekatt.

"Le meilleur des êtres humains", a affirmé l'imam, n'est pas "celui qui est le plus utile pour les musulmans, pour les juifs, les chrétiens ou les athées, mais pour toute l'humanité".

Venu à Strasbourg, le procureur de Paris Rémy Heitz a indiqué vendredi que deux autres personnes de l'entourage de l'assaillant avaient été placées en garde à vue, portant à sept le nombre de gardes à vue.

"L'enquête va désormais se poursuivre pour identifier d'éventuels complices ou coauteurs susceptibles de l'avoir aidé ou encouragé dans la préparation de son passage à l'acte", a-t-il ajouté.

Chekatt a été tué jeudi vers 21H00 par des policiers au pied d'un immeuble du quartier du Neudorf, là même où sa trace s'était perdue après l'attentat.

"C'est une patrouille de police qui a remarqué à 21H00, marchant rue du Lazaret, un homme, un individu, dont le signalement pouvait correspondre à l'auteur des faits", a rapporté Rémy Heitz.

"Totalement opportuniste"

Ces policiers ont raconté vendredi au chef de l'Etat la séquence brutale.

L'un d'eux a expliqué comment, après avoir repéré "un individu louche, qui portait la même veste" que Chérif Chekkat dans le signalement, sa patrouille s'est arrêtée à sa hauteur avant d'ouvrir la portière de son véhicule jeudi soir.

"On l'a mis en joue avec nos armes. Il avait la main gauche dans sa poche. J'ai dit +sortez vos mains des poches+ et il a tiré une balle qui s'est logée dans le Berlingo, derrière ma tête", a-t-il expliqué au président : "On a tiré jusqu'à ce qu'il soit immobile face au sol, cela s'est fait très vite".

L'homme "faisait partie des soldats" du groupe État islamique, a affirmé Amaq, son média de propagande. Une revendication "totalement opportuniste", a estimé vendredi le ministre de l'Intérieur.

La police à Strasbourg a reçu quelque 800 appels après la diffusion mercredi soir d'un appel à témoins.

Selon une source proche de l'enquête, une femme avait vu jeudi après-midi un homme ressemblant au fugitif, blessé au bras. Des traces de sang et des images vidéo ont permis aux policiers d'acquérir la certitude qu'il s'agissait bien de lui.

Mardi soir, peu avant 20H00, il était entré dans le centre historique de la ville et avait ouvert le feu à plusieurs reprises sur les passants, en blessant d'autres à coups de couteau. Des témoins l'avaient entendu crier "Allah Akbar".

Il avait ensuite échangé des tirs avec les forces de l'ordre et avait été blessé à un bras, avant de réussir à s'enfuir à bord d'un taxi, à qui il avait raconté ce qu'il venait de faire.

Né à Strasbourg, Chérif Chekatt avait été condamné 27 fois en France, en Allemagne et en Suisse et était fiché "S" ("sûreté de l'État") pour sa radicalisation islamiste.

Lors de ses séjours en prison, il avait été repéré pour son prosélytisme "parfois agressif". Il était suivi par les services de renseignements intérieurs depuis sa sortie de prison, sans que des velléités de passage à l'acte ne soient détectées.

Le jour de l'attaque, il devait être interpellé par les gendarmes dans le cadre d'une enquête de droit commun.

bur-leb-fd-ha/cs/cbn

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