Le conseil d'administration a déclaré que le constructeur français avait "conclu, de manière préliminaire, à la conformité des éléments de rémunération du président-directeur général de Renault et des conditions de leur approbation au regard des dispositions légales", faisant référence aux vérifications initiées après l'arrestation de M. Ghosn au Japon.
Les administrateurs ont indiqué avoir maintenu le dispositif de gouvernance du constructeur automobile mis en place à la fin du mois dernier. Ils avaient décidé le 20 novembre de maintenir M. Ghosn comme président-directeur général, disant ne pas être "en mesure de se prononcer" sur les charges pesant contre lui, et avaient provisoirement nommé Thierry Bolloré, directeur général du groupe, pour assurer l'intérim.
Au Japon, M. Ghosn a pourtant été démis de ses fonctions de président des conseils d'administration de Nissan et Mitsubishi, dans le sillage du scandale sur ses malversations présumées.
Interpellé le 19 novembre à Tokyo, le PDG de Renault et de l'Alliance Renault-Nissan-Mitsubishi est toujours en prison depuis. Il a été inculpé lundi pour dissimulation de revenus sur cinq ans, tandis que sa garde à vue était prolongée sur de nouvelles accusations. Elle court désormais jusqu'au 20 décembre, date à laquelle elle pourra de nouveau être étendue de 10 jours.
Le dirigeant est accusé d'avoir omis de déclarer aux autorités boursières japonaises environ 5 milliards de yens (38 millions d'euros) de revenus sur cinq années, de 2010 à 2015. Il est soupçonné d'avoir fait de même entre 2015 et 2018 pour un montant de 4 milliards de yens (31,1 millions d'euros).
Tensions franco-japonaises
L'interpellation de Carlos Ghosn, clé de voûte de l'alliance Renault-Nissan-Mitsubishi Motors, premier ensemble automobile mondial, a fait éclater au grand jour les tensions entre les deux groupes fondateurs Renault et Nissan, liés par des participations croisées.
Nissan, dont Renault détient 43% du capital après l'avoir sauvé de la faillite il y a près de 20 ans, semble supporter de moins en moins l'influence des Français. Mais, de part et d'autre, on s'efforce officiellement de souligner l'importance du partenariat.
Souvent critiqué pour son salaire, M. Ghosn, qui touchait jusque-là environ 7 millions d'euros au seul titre de ses fonctions chez Renault, avait accepté en début d'année de réduire de 30% sa rémunération, sous la pression de l'Etat français, premier actionnaire du groupe.
Sa rémunération totale, en incluant ses revenus chez Nissan et Mitsubishi, atteignait officiellement l'an dernier 13 millions d'euros.
Les administrateurs de Renault ont par ailleurs été informés jeudi des éléments à charge contre M. Ghosn, fournis cette semaine par les avocats de Nissan, présents à Paris.
Le conseil d'administration du constructeur français a expliqué avoir "pris connaissance d'une restitution, par les avocats de Renault, de la présentation qui leur a été faite par les avocats de Nissan de l'enquête qu'ils ont conduite chez Nissan".
Mais il souligne qu'il ne dispose pas des éléments de sa défense, ce qui semble justifier qu'il soit pour l'instant maintenu formellement dans ses fonctions.
Selon le communiqué, "le conseil d'administration a demandé aux avocats de Renault de poursuivre leur revue et analyse des informations fournies, en lien avec les avocats de Nissan, et de leur faire rapidement un nouveau point sur la situation. Le conseil d'administration a noté qu'à ce stade, il ne dispose pas d'informations portant sur les éléments de défense de Carlos Ghosn".
Signe des tensions et désaccords au sein de l'alliance franco-japonaise, une source proche de Nissan avait laissé entendre jeudi qu'elle s'attendait à ce que le conseil d'administration de Renault limoge Carlos Ghosn.
"Les preuves ont été fournies à Renault. Cela signifie que Renault va comprendre pourquoi Nissan a démis M. Ghosn de ses fonctions, donc je pense qu'ils parviendront à la même conclusion", avait affirmé cette source. Mais une autre source à Paris avait aussitôt écarté cette hypothèse.
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