Plus de 700 policiers et gendarmes sont mobilisés mercredi pour retrouver ce Strasbourgeois qui a "semé la terreur" selon les mots du ministre de l'Intérieur Christophe Castaner, en tirant au pistolet automatique sur plusieurs personnes dans le centre de la capitale alsacienne, vers 20H00. L'homme a été blessé par des militaires de l'opération Sentinelle avant de prendre la fuite.
Selon la photo de l'avis de recherche lancé par la police, le suspect, Chérif Chekatt, a les yeux foncés et les cheveux noirs, sourcils épais, courte barbe et une marque noire sur le front.
"Il était pas à fond dans l'islam", a dit à l'AFP Zach, 22 ans, qui habite dans la même petite cité de barres HLM, en banlieue strasbourgeoise. Ce voisin décrit un homme "discret, pas baraqué", qui habitait seul dans un petit appartement. Ses parents habitent aussi le quartier, précise-t-il.
Son immeuble, devant lequel étaient postés mercredi matin trois policiers et qui se situe au fond de cette petite cité de barres HLM, est particulièrement délabré et décrit comme un "immeuble de transit" par les voisins.
Né à Strasbourg en 1989, il est fiché "S" (pour sûreté de l'État) par les services antiterroristes, après un passage en prison de 2013 à 2015 au cours duquel il a attiré l'attention des services de renseignement pour des violences, pour la radicalisation de sa pratique religieuse et son prosélytisme. Il était suivi pour cela depuis sa sortie de prison.
L'homme est "connu depuis hélas très longtemps en droit commun", a dit M. Castaner mercredi lors des questions au gouvernement à l'Assemblée nationale.
"Dès l'âge de 10 ans il avait un comportement qui relevait déjà du pénal. Il a eu ses premières condamnations à 13 ans. Il a fait l'objet de 67 inscriptions pour diverses interventions et comportements qui systématiquement étaient marqués par la violence".
S'il a un casier "assez important" pour des violences, vols, destructions, en France et en Allemagne où il a également été incarcéré, ce "radicalisé" n'a "jamais été connu pour des délits liés au terrorisme", a insisté le secrétaire d'Etat à l'Intérieur, Laurent Nuñez, sur France Inter, démentant qu'il ait essayé de se rendre en Syrie.
Grenade et pistolet
Des témoins l'ont entendu "crier Allah Akbar" mardi soir, a indiqué mercredi le procureur de Paris, Rémy Heitz. Au regard de ces témoignages, "du lieu ciblé, du mode opératoire employé par l'assaillant et de son profil", la section antiterroriste du parquet de Paris s'est saisi des faits mardi soir, a précisé le chef du parquet antiterroriste lors d'une conférence de presse à Strasbourg.
En prison, l'homme "incitait à la pratique de la religion sous une forme radicale, mais rien ne permettait de détecter un passage à l'acte dans sa vie courante", a-t-il ajouté.
Sur son parcours carcéral, la ministre de la Justice Nicole Belloubet a précisé sur Public Sénat qu'il avait "effectué en France deux peines de prison de deux ans chacune, qu'il avait purgées". "Il est sorti (de prison) il y a trois ans, de sa dernière condamnation", a-t-elle ajouté.
Avant l'attaque de mardi, le fuyard était déjà recherché dans une affaire de vol à main armée avec "sa bande de malfrats", "qui aurait mal tourné" au mois d'août, avec une tentative d'homicide, selon une source proche.
Il devait pour cette affaire être interpellé tôt mardi matin par les gendarmes et les fonctionnaires de la DGSI mais l'homme n'était pas chez lui. Une grenade et un pistolet ont été retrouvés à son domicile.
Contrôles renforcés
Au vu d'éléments retrouvés chez lui "qui ont pu inquiéter", des forces ont été mobilisées pour tenter de l'intercepter, a indiqué M. Castaner. "Puis à 19h47 il est apparu (...) en plein cœur de Strasbourg et du marché de Noël".
L'auteur de l'attaque a aussi été incarcéré pendant quelques mois en Allemagne en 2016 pour cambriolages, a indiqué à l'AFP un porte-parole du ministère de l'Intérieur de la région de Bade-Wurtemberg, où l'intéressé avait sévi. Il a purgé un peu plus d'un an en Allemagne avant d'être expulsé en France.
Selon le journal Tagesspiegel, il avait cambriolé un cabinet dentaire à Mayence en 2012, où il avait notamment dérobé de l'argent liquide et des dents en or.
En Allemagne, les autorités allemandes ont renforcé leurs contrôles le long du Rhin. La Suisse a procédé de même.
burs-mdh/bdx/cbn
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