Quelque 350 personnes, dont 100 membres de la police judiciaire, des militaires et deux hélicoptères, sont aux trousses de l'assaillant, a indiqué le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner lors d'une déclaration depuis la préfecture du Bas-Rhin à Strasbourg, où il a été dépêché par le président Emmanuel Macron.
Mardi soir, "à partir de 19h50", le tireur a ouvert le feu et "semé la terreur" en "trois points" de Strasbourg, a déclaré M. Castaner sans dévoiler son identité.
Il a tué trois personnes et en a blessé 12, dont six sont en urgence absolue, selon le ministre. De son côté, la préfecture du Bas-Rhin a fait part dans la nuit d'un bilan provisoire de trois personnes décédées, 5 blessées graves et 6 blessées légers. Dans la soirée, le maire de Strasbourg Roland Ries avait évoqué auprès de l'AFP un bilan de "quatre morts et une dizaine de blessés dont trois ou quatre dont le pronostic vital peut être engagé".
"Entre 20h20 et 21h", l'assaillant a par deux fois échangé des coups de feu avec les forces de sécurité avant de s'enfuir, a encore expliqué Christophe Castaner.
Lors de ces échanges de tirs, l'assaillant a été blessé par une patrouille de soldats de l'opération Sentinelle qui sécurisent le Marché de Noël de Strasbourg, a expliqué une source policière. Selon l'état-major des armées, un soldat a été blessé légèrement à la main par ricochet d'un tir de l'assaillant.
"On a entendu plusieurs coups de feu, trois peut-être, et on a vu plusieurs personnes courir. L'une d'elles est tombée, je ne sais pas si c'est parce qu'elle a trébuché ou parce qu'elle a été touchée. Les gens du bar ont crié +ferme, ferme+ et le bar a été fermé", a raconté un témoin joint par l'AFP et confiné dans son appartement.
M. Castaner a précisé que l'individu était "très défavorablement connu pour des faits de droit commun, pour lesquels il a déjà fait l'objet de condamnations en France et en Allemagne et pour lesquels il a purgé ses peines".
Selon une source proche du dossier, le suspect, un homme de 29 ans fiché "S", devait être interpellé mardi matin par les gendarmes dans une enquête de droit commun.
Le parquet de Paris a ouvert une enquête pour "assassinats, tentatives d'assassinats en relation avec une entreprise terroriste et association de malfaiteurs terroriste criminelle".
Après cette attaque le gouvernement a porté le niveau du plan Vigipirate à "urgence attentat", a annoncé le ministre de l'Intérieur.
Cette mesure comprend "la mise en place de contrôles renforcés aux frontières, et des contrôles renforcés sur l'ensemble des marchés de Noël en France pour éviter le risque de mimétisme", a-t-il poursuivi. "Il y aura aussi en complément une mobilisation plus forte encore du dispositif sentinelle sur l'ensemble du territoire".
Dans la soirée, le chef de l'Etat a exprimé sur Twitter la solidarité de la "nation tout entière" après avoir présidé à Beauvau une réunion de crise interministérielle en présence du Premier ministre Edouard Philippe.
Le traditionnel marché de Noël de Strasbourg avait fait l'objet d'un projet d'attentat en décembre 2000. Il est protégé en permanence par un important dispositif de surveillance. Environ 260 policiers nationaux sont notamment mobilisés.
En décembre 2016, le marché de Noël de Berlin avait été visé par un attentat au camion-bélier revendiqué par le groupe État islamique qui avait fait douze morts.
Après l'attaque de mardi soir, la "Grande Ile", le centre historique de Strasbourg, a été entièrement bouclée par les forces des l'ordre.
Selon la préfecture, les mesures de confinement avaient été levées dans la nuit et l'accès au centre-ville était de nouveau possible à partir de 2H00.
Dans les rues quasiment désertes, quelques personnes rentraient chez elles. La rue des Grandes Arcades, où l'attaque s'est en partie passée, était bloquée par des rubalises avec des policiers armés en empêchant l'accès.
"Les écoles, les collèges et les lycées de Strasbourg seront ouverts demain (mercredi)", a-t-il ajouté.
La Première ministre britannique Theresa May s'est dite "choquée et attristée par la terrible attaque", tandis que le porte-parole du gouvernement allemand, Steffen Seibert, s'est dit "bouleversé par les terribles informations de Strasbourg". Le vice-premier ministre italien Matteo Salvini, ancien député européen, a assuré de son "engagement total pour que les terroristes soient débusqués, bloqués, éliminés, en Europe et dans le monde, par tous les moyens licites nécessaires".
Cette fusillade intervient alors que la France vit sous une menace terroriste élevée depuis la vague d'attentats jihadistes sans précédent qui a fait 246 tués depuis 2015.
La France a été frappée deux fois cette année au cours d'attaques qui ont fait cinq morts.
Le dernier a succombé à une attaque au couteau menée par Khamzat Azimov, assaillant de 20 ans abattu par la police, dans le quartier touristique de l'Opéra, à Paris, le 12 mai 2018.
La précédente attaque s'était produite le 23 mars à Carcassonne et à Trèbes (Aude): dans son périple meurtrier, Radouane Lakdim, un délinquant radicalisé de 25 ans, avait volé une voiture à Carcassonne dont il avait abattu le passager et blessé le conducteur par balles. Il avait ensuite tiré sur des policiers devant leur caserne avant d'entrer dans un supermarché à Trèbes où il avait tué un boucher, un client ainsi que le lieutenant-colonel de gendarmerie Arnaud Beltrame qui s'était offert comme otage à la place d'une femme.
L'attaque de Strasbourg intervient en pleine crise des "gilets jaunes" en France. Mardi soir, sur une page Facebook annonçant un "Acte V" des manifestations samedi, certains évoquaient une "manipulation" de l'Etat ou "un soi-disant attentat".
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