Le gouvernement du président Abd Rabbo Mansour Hadi, soutenu par l'Arabie saoudite, et les rebelles Houthis, appuyés par l'Iran, ont engagé la semaine dernière, sous la pression de la communauté internationale alarmée par l'urgence humanitaire, des discussions d'abord destinées à recréer un minimum de confiance mutuelle.
Toutes les tentatives pour mettre fin à la guerre ont jusqu'ici échoué, alors que le conflit a fait quelque 10.000 morts en quatre ans et menace jusqu'à 20 millions personnes de famine dans ce pays déjà le plus pauvre de la péninsule arabique.
Arraché par l'envoyé spécial des Nations unies pour le Yémen, le Britannique Martin Griffiths, l'accord sur l'échange de prisonniers était un des principaux dossiers mis sur la table dans ces consultations, mais également celui pour lequel les divergences étaient les moins saillantes.
Ouvertes le 6 décembre dans le village de Rimbo, près de Stockholm, les discussions devraient être closes jeudi. "Nous espérons que ces consultations auront constitué un tournant" pour un futur règlement du conflit yéménite, a déclaré mardi soir un responsable de l'ONU sous couvert d'anonymat.
15.000 noms
Askar Zaeel, un négociateur gouvernemental pour l'échange de prisonniers, a précisé que les rebelles avaient identifié 7.487 prisonniers dont ils souhaitent la libération. De son côté, le gouvernement a demandé l'élargissement de 8.576 détenus.
M. Zaeel a précisé à l'AFP que le gouvernement avait également réclamé aux rebelles la remise du corps de l'ancien président yéménite Ali Abdallah Saleh, tué en décembre 2017 par ses anciens alliés Houthis, appuyés par l'Iran, qui lui reprochaient une ouverture vers l'Arabie saoudite.
De leur côté, les rebelles ont annoncé sans autre précision avoir échangé avec le gouvernement une liste de 15.000 prisonniers des deux camps.
Selon un négociateur rebelle, Abdelkader Mourtada, parmi les prisonniers libérables figurent des Saoudiens et des Emiratis. L'échange pourrait intervenir "le 20 janvier", a-t-il ajouté.
Les prisonniers seront transférés via deux aéroports: celui de Seyoun (centre) contrôlé par le gouvernement, et l'aéroport international de Sanaa, la capitale contrôlée par les rebelles, fermé au trafic civil depuis trois ans.
Le Comité international de la Croix-Rouge a confirmé qu'il superviserait l'échange.
Trêve improbable
Parmi les autres sujets sur la table figurent l'établissement de corridors humanitaires, la réouverture de l'aéroport international de Sanaa et du port d'Hodeida (ouest), par où transite 90% des importations alimentaires du Yémen.
Martin Griffiths dit oeuvrer à la désescalade militaire pour soulager les populations civiles et déserrer l'étau autour de villes particulièrement éprouvées: Hodeida, où se déroule une offensive gouvernementale, et Taez (sud-ouest), sous contrôle gouvernemental mais assiégée par les rebelles.
Un représentant du gouvernement yéménite a néanmoins jugé improbable mardi la signature d'un cessez-le-feu avant la fin des consultations en Suède.
"Nous sommes venus ici pour faire des progrès sur un cessez-le-feu intégral, complet. Mais je pense que nous serons incapables d'enregistrer ce progrès lors de cette session", a déclaré Askar Zaeel.
Un responsable de l'ONU a confirmé mardi qu'un projet de feuille de route "politique" avait été soumis aux deux parties, sans en détailler le contenu.
En septembre, des pourparlers de paix ont achoppé sur le refus des négociateurs Houthis de se rendre à Genève sans garanties sur leur voyage de retour vers la capitale Sanaa et sur l'évacuation de rebelles blessés.
Cette fois, leur présence en Suède a été favorisée par deux mesures de confiance: l'évacuation début décembre de 50 rebelles blessés vers Oman et un accord préliminaire d'échange de prisonniers.
Les images de dévastation provoquées par les raids aériens de la coalition et celles de la crise humanitaire ont par ailleurs convaincu les grandes puissances de la nécessité d'accélérer un règlement du conflit.
L'ONU a affirmé lundi être en quête de quatre milliards de dollars pour fournir en 2019 de l'aide humanitaire à quelque 20 millions de Yéménites, soit 70% de la population.
A l'initiative de la Suède, de la Suisse et de l'ONU, une conférence de donateurs est programmée le 26 février à Genève.
L'Arabie saoudite reste également sous pression, empêtrée dans l'affaire de l'assassinat du journaliste Jamal Khashoggi, tué dans le consulat de son pays début octobre à Istanbul et désigné mardi personnalité de l'année par le magazine américain Time.
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