Un mois après le début du mouvement des gilets jaunes, le bilan est morose pour les magasins situés dans les deux zones commerciales majeures de l'agglomération rouennaise : Barentin et Tourville-la-Rivière (Seine-Maritime). "Normalement, décembre est notre deuxième meilleur mois de l'année, derrière août, explique Jonathan, le directeur du magasin Intersport à Tourville. Mais là nous en sommes à 250 000 euros de perte depuis le début du mouvement." Il est loin d'être le seul dans ce cas, à Barentin par exemple, le centre commercial Carrefour a enregistré une baisse de fréquentation de 80 % par rapport à d'habitude.
La crainte des commerçants
"Il s'est développé une peur chez les commerçants comme chez les clients", analyse Vincent Lauda, le président de la Chambre de commerce et d'industrie (CCI) Rouen métropole. Cette peur se ressent chez la plupart des commerçants de la zone de Barentin. "Nous avons choisi de ne plus nous exprimer par crainte que nos propos soient mal interprétés par les gilets jaunes", annonce la présidente de l'association des commerçants de Barentin.
Il faut dire que "le profil des manifestants a évolué", note Benoît Lemaire, directeur de cabinet de la préfète de Seine-Maritime. Samedi 8 décembre 2018, le magasin Intersport à Tourville a ainsi vu une vitre brisée et de la peinture rouge déversée sur sa devanture : "Il y a une vraie solidarité qui s'est développée entre les commerces, les grosses enseignes mettent à disposition leurs agents de sécurité pour les plus petits".
"Il n'y a pas d'embauche en CDD ni en intérim", note Vincent Lauda
Mais derrière ces blocages et ces dégradations, la CCI craint avant tout pour la santé économique du territoire : "Les commerces ne vont pas pouvoir compenser la perte de chiffres d'affaires, il y a un impact sur les trésoreries des entreprises", poursuit Vincent Lauda. Le président de la CCI craint la multiplication de dépôts de bilan et les conséquences déjà visibles sur les emplois : "Il n'y a pas d'embauche en CDD ni en intérim et des pertes de rémunération pour les salariés en poste".
Les salariés privés de prime
Le mouvement des gilets jaunes met également en difficulté les employés des magasins. Plus d'un millier de salariés ont été placés en activité partielle, selon des chiffres communiqués par la préfecture au 7 décembre 2018. C'est le cas dans le magasin Intersport lorsqu'il a dû fermer certains samedis, ce qui permet une indemnisation de la part des services de l'État.
Jonathan déplore déjà 250 000 euros de perte au sein de son magasin de sport, sur la zone commerciale de Tourville-la-Rivière. - Amaury Tremblay
Reste que les employés voient leur salaire amputer : "Il n'y aura pas de prime récompensant la hausse du chiffre d'affaires, ni de prime annuelle pour le personnel d'encadrement", regrette Jonathan. En attendant, la fuite des clients des zones commerciales profite aux magasins de proximité, "notamment au centre-ville d'Elbeuf", précise Vincent Lauda. Mais également à Internet, observe de son côté Jonathan, alors que Noël approche à grand pas. "Il y a une deadline, les gens doivent avoir des cadeaux à mettre sous le sapin !"
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