Présidente du Groupe Helsinki de Moscou et membre actif du Conseil consultatif pour les droits de l'homme auprès du Kremlin, Lioudmila Alexeeva, "est décédée ce soir" dans un hôpital moscovite à 16H30 GMT, a déclaré le président de ce Conseil, Mikhaïl Fedotov, dans un communiqué.
"Ce n'était pas la première fois qu'elle se trouvait dans cet hôpital, ses médecins l'ont déjà sauvée à plusieurs reprises dans les situations les plus difficiles. Mais il y a des situations où les médecins ne peuvent rien faire", a-t-il précisé.
"Dire qu'elle va nous manquer, c'est ne rien dire. C'est une perte immense pour tout le mouvement de défense des droits de l'homme en Russie", a souligné M. Fedotov.
"Ces derniers temps, elle avait déjà du mal à gérer sa maladie, mais son esprit était comme toujours plus fort que son corps et bien plus fort que n'importe quelles maladies", a-t-il ajouté.
Le président russe Vladimir Poutine a envoyé un message de condoléances aux proches de la militante, selon le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.
M. Poutine "appréciait beaucoup la contribution de Lioudmila Alexeeva dans le développement d'une société civile en Russie, avait un grand respect pour son point de vue sur plusieurs sujets concernant la vie de notre pays", a indiqué M. Peskov, cité par les agences de presse russes.
Le Groupe Helsinki de Moscou a déploré dans un communiqué le décès "d'une personne légendaire, sage et humaine qui resta Défenseur des droits de l'Homme jusqu'aux derniers moments de sa vie".
'symbole de l'honnêteté'
"Pour tous ceux qui appréciaient, apprécient et apprécieront la démocratie, Lioudmila Mikhaïlovna (Alexeeva) a toujours été et restera un symbole de l'honnêteté et de la lutte sans compromis pour l'Homme", a déclaré pour sa pour sa part la déléguée pour les droits de l'Homme en Russie, Tatiana Moskalkova, citée par l'agence de presse Interfax.
Lioudmila Alexeeva a été également l'un des symboles de la résistance en URSS, puis en Russie.
En 1976, elle est devenue l'un des fondateurs du Groupe Helsinki de Moscou, dont les membres seront au fil des années arrêtés et lourdement condamnés ou contraints à l'exil.
En exil, elle a continué à défendre les opposants soviétiques et écrit une histoire de la dissidence qui fait autorité encore aujourd'hui. Elle n'est revenue à Moscou qu'en 1993, après la chute de l'URSS.
Ces dernières années, Alexeeva a été de toutes les batailles, aussi bien pour faire la vérité sur la mort suspecte en prison du juriste Sergueï Magnitski que pour dénoncer le procès de l'ex-oligarque et critique du Kremlin Mikhaïl Khodorkovski, affirmant que "dans cette affaire, tout se fait non pas selon la loi, mais selon des directives qui viennent d'en haut".
En 2009, elle avait reçu à Strasbourg, avec des responsables de l'ONG russe de défense des droits de l'homme Memorial le Prix Sakharov, distinction que le Parlement européen décerne à des défenseurs de la liberté de pensée dans le monde.
"Si je sauve au moins une personne, c'est déjà une telle joie", disait-elle dans une des interviews aux médias russes.
En 2017, l'année où elle a fêté ses 90 ans, Lioudmila Alexeeva s'est vu remettre un prix d'Etat pour des "réalisations remarquables dans le domaine des droits de l'Homme" par le président Vladimir Poutine.
"On peut ne pas être d'accord avec Lioudmila Mikhaïlovna, on peut se disputer avec elle de quelque chose, et je le fais parfois, mais cela n'empêche pas de la traiter avec un énorme respect pour son courage et sa position civile", a alors déclaré M. Poutine.
Lioudmila Alexeeva était "une autorité absolue pour tous les défenseurs des droits de l'Homme russes, un leader qui les réunissait tous", a affirmé samedi à l'agence officielle TASS Ella Pamfilova, présidente de la Commission électorale centrale russe et ancienne déléguée pour les droits de l'Homme en Russie.
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