Selon le Premier ministre, "le temps du dialogue est là" et "il faut désormais retisser l'unité nationale", mise à mal par cette fronde populaire inédite, née sur les réseaux sociaux.
Le président "s'exprimera" - peut-être lundi - et "il lui appartiendra de proposer les mesures" pour permettre "à l'ensemble de la Nation française de se retrouver et d'être à la hauteur des enjeux", a indiqué Edouard Philippe au terme d'une visite à Beauvau en fin de journée.
Des tirs de gaz lacrymogènes aux abords des Champs-Elysées, des vitrines brisées sous les lumières de Noël et des voitures brûlées à Paris mais aussi des heurts et dégradations à Bordeaux, Toulouse, Marseille et encore Nantes, et toujours des blocages sur les routes: les images de samedi ont une nouvelle fois marqué les esprits.
Mais elles sont sans commune mesure avec les scènes de guérilla urbaine, à l'Arc de Triomphe et dans plusieurs quartiers huppés de la capitale, qui avaient été observées une semaine auparavant et avaient stupéfié dans le monde entier.
La maire de Paris Anne Hidalgo (PS) a cependant déploré lors de cet acte IV samedi "des scènes de chaos" et des "dégâts incommensurables" pour l'économie et l'image de la ville. "De nombreux Français, notamment commerçants, ont connu un nouveau samedi noir", selon Laurent Wauquiez (LR).
Il y a eu sur l'ensemble du territoire 11.000 manifestants de moins que le 1er décembre. Un dispositif "exceptionnel" avait été prévu, avec 89.000 membres des forces de l'ordre déployés sur l'ensemble du territoire, dont 8.000 à Paris appuyés par 14 véhicules blindés à roue, déployés pour la première fois de leur histoire dans la capitale. Tour Eiffel, Louvre et de nombreux commerces étaient restés fermés.
Les contrôles avaient été multipliés en amont des rassemblements, et 1.385 personnes avaient été interpellées au total en fin de journée. Quelque 975 gardes à vue ont été enregistrées.
Selon un bilan national provisoire de la direction générale de la santé, "179 personnes blessées ont été prises en charge sur tout le territoire par les équipes médicales des hôpitaux".
"À toutes les forces de l'ordre mobilisées aujourd'hui, merci pour le courage et l'exceptionnel professionnalisme dont vous avez fait preuve", a tweeté en fin de soirée Emmanuel Macron.
Nouvelle phase?
Dans la soirée, le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner s'est félicité qu'"un point d'arrêt (ait) été mis à l'escalade de la violence" et que la "dynamique des casseurs" ait été "brisée".
Un millier de "gilets jaunes" ont aussi défilé à Bruxelles, où 400 personnes ont été arrêtées et un policier blessé.
Depuis la Turquie, le président Recep Tayyip Erdogan a dénoncé la "violence" des autorités françaises. "Triste jour", pour le président américain Donald Trump, qui a estimé que le mouvement des "gilets jaunes" était la preuve que l'accord de Paris sur le climat "ne marche pas".
En parallèle et très majoritairement dans le calme, des milliers de personnes ont participé à des marches pour le climat dans plusieurs villes, dont une partie portant des gilets jaunes, avec des slogans appelant à lutter dans un même élan contre "l'urgence climatique" et l'urgence sociale.
Cible récurrente des manifestants, à coup de "Macron démission", le chef de l'Etat, qui n'a pas pris la parole publiquement depuis samedi de la semaine dernière, est resté pour cette nouvelle journée de mobilisation dans le palais présidentiel, entouré d'un imposant dispositif de protection. Il a laissé jusqu'alors Edouard Philippe monter au front, devant le Parlement et les médias.
Les concessions de l'exécutif, notamment l'annulation de l'augmentation de la taxe sur les carburants, semblent avoir eu pour principal effet d'avoir fragilisé le Premier ministre qui défendait une simple suspension de la hausse, avant d'être brutalement désavoué par l'Elysée. Faut-il annoncer un tournant social ou "garder le cap" des réformes comme jusqu'alors?
Le chef de file de La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, a de nouveau évoqué samedi "la dissolution" de l'Assemblée nationale, qui selon lui "s'approche comme une issue paisible, raisonnable et tranquille" à la crise. "Les trois quarts des revendications des gilets jaunes sont dans notre programme", a-t-il aussi assuré, alors que le mouvement est rétif à toute classification sur l'échiquier politique.
Députés LFI, communistes et socialistes doivent déposer lundi une motion de censure contre le gouvernement, qui devrait être débattue mercredi ou jeudi mais n'a aucune chance d'être adoptée.
Depuis la Belgique, la présidente du RN Marine Le Pen, qui souhaite aussi une dissolution, a demandé à Emmanuel Macron des "réponses fortes" à la "souffrance" des "gilets jaunes".
Trois mois et demi de concertation doivent démarrer samedi prochain dans toute la France, avec syndicats, élus locaux et "gilets jaunes". Le gouvernement s'y est engagé afin de dégager des "mesures d'accompagnement justes et efficaces".
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