Les belligérants - le gouvernement soutenu par l'Arabie saoudite et les rebelles appuyés par l'Iran - sont réunis pour la première fois depuis 2016. L'objectif de l'ONU, à l'initiative de ces contacts, est de renouer le dialogue en vue de mettre fin à un conflit qui a fait au moins 10.000 morts depuis 2014 et précipité 14 millions de personnes au bord de la famine.
Il n'existe officiellement aucune condition préalable à ces consultations favorisées par la signature cette semaine d'un accord sur l'échange de milliers de prisonniers. Mais chacun des deux camps menace de rompre le dialogue si ses exigences se sont pas satisfaites.
Le gouvernement exige en particulier le retrait intégral des rebelles du port stratégique de Hodeida (ouest) conquis en 2014 et qu'il accuse les rebelles d'utiliser pour importer des armes.
"Nous sommes actuellement en négociations en réponse à des appels en ce sens de la communauté internationale, l'ONU et le médiateur de l'ONU. Nous continuons d'étudier les moyens d'obtenir la paix", a déclaré à des journalistes le ministre de l'Agriculture en marge des pourparlers.
"Mais s'ils (les rebelles) ne sont pas constructifs, nous avons de nombreuses options, y compris une intervention militaire", a ajouté Othman al-Moujalli.
Le port sous supervision?
M. Moujalli a précisé que le gouvernement n'était pas disposé à transiger sur le contrôle du port. L'ONU, selon lui, pourrait jouer un rôle de "supervision" mais il est exclu de placer le port sous tutelle étrangère.
L'abandon de Hodeida "n'est pas à l'ordre du jour", a aussitôt répondu un membre de la délégation Houthie.
Les rebelles de leur côté demandent la réouverture de l'aéroport de la capitale Sanaa -qu'ils contrôlent depuis 2014- au trafic civil. Ils ont menacé jeudi de le fermer aussi aux avions de l'ONU.
"Nous sommes favorables à la réouverture de l'aéroport de Sanaa (...), les Yéménites devraient avoir le droit de voyager partout dans le monde", a quant à lui assuré vendredi Abdulaziz Jabari, un conseiller du président yéménite.
Les rebelles restent par ailleurs opposés à la reprise des vols intérieurs au départ et à l'arrivée de la capitale comme le demande le gouvernement. "L'aéroport de Sanaa est un aéroport international", a déclaré à l'AFP Abdelmalak al-Ajri.
L'aéroport international a été fermé au trafic commercial civil après l'intervention militaire en 2015 d'une coalition progouvernementale dirigée par l'Arabie saoudite qui contrôle depuis l'espace aérien.
Désescalade
Les consultations en Suède se sont ouvertes jeudi sous l'égide du médiateur de l'ONU, le Britannique Martin Griffiths, qui a salué une "occasion unique" de ramener les belligérants sur le chemin de la paix et de reconstruire le Yémen, le pays le plus pauvre de la péninsule arabique, dévasté par le conflit.
Le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a appelé les parties à faire preuve de "flexibilité" et d'"un engagement de bonne foi et sans conditions préalables".
Il leur a notamment demandé de poursuivre "la désescalade à Hodeida" où des combats sporadiques continuent malgré une trêve signée en novembre après une large offensive de la coalition progouvernementale.
Selon Martin Griffiths, les "consultations" en Suède sont d'abord destinées à "établir la confiance" et à "réduire la violence" sur le terrain.
Toutes les tentatives pour mettre fin à la guerre qui dure depuis quatre ans ont jusqu'ici échoué, alors que la situation humanitaire au Yémen, la pire du monde selon l'ONU, se dégrade de jour en jour.
En septembre, des pourparlers de paix ont achoppé sur le refus des négociateurs Houthis de se rendre à Genève sans garanties sur leur voyage de retour vers Sanaa et sur l'évacuation de rebelles blessés vers Oman.
Après cet échec, "le fait qu'ils se rencontrent (en Suède) est déjà un succès en soi. Et ce serait un autre succès qu'ils acceptent de se revoir", a indiqué à l'AFP un ambassadeur occidental.
"Le contexte était favorable à l'organisation de ces consultations", a-t-il estimé. Il a cité à ce propos le meurtre du journaliste saoudien Jamal Khashoggi dans le consulat saoudien d'Istanbul, qui a mis une pression considérable sur l'Arabie saoudite, les sanctions américaines contre l'Iran, l'unité du Conseil de sécurité sur le dossier yéménite et la famine qui menace 14 millions de personnes, une préoccupation majeure de la communauté internationale.
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