Portant un chapeau bleu avec des étoiles dorées, à l'image du drapeau européen, il n'a même plus besoin d'un mégaphone, après une année passée à lancer son message, qui retentit jusque dans les couloirs du Palais de Westminster.
A chaque session, il est sur Parliament square, distribuant tracts et drapeaux, dans l'espoir de persuader les députés d'arrêter le processus de sortie de l'Union Européenne.
"Je parle aux députés, je leur demande comment le Brexit peut m'aider. Et il n'y a pas de bonne réponse", explique-t-il à l'AFP.
Son arme la plus efficace: s'inviter dans les interviews télévisées réalisées devant le Parlement, avec son "Stop Brexit" en fond sonore, une technique qui irrite les journalistes mais qui l'a rendu célèbre.
"Héros"
"Vous êtes un héros!", lâche un des nombreux passants venus lui serrer la main ou le prendre en photo. "Ce n'est pas moi qui compte", réplique-t-il, tout en prenant la pose.
Steve Bray et ses supporters se démultiplient dans la perspective du vote au Parlement le 11 décembre sur l'accord de Brexit conclu avec Bruxelles par la Première ministre Theresa May. Il agite une pancarte proclamant : "On a déjà le meilleur accord", devant les voitures qui passent en klaxonnant.
Bray manifeste chaque fois que le parlement se réunit depuis septembre 2017, généralement pendant 7 heures d'affilée, qu'il pleuve ou qu'il vente.
Il y a bien d'autres habitués devant le Parlement, telle cette femme de 81 ans, qui craint l'impact du Brexit sur la carrière de ses enfants scientifiques, ou ce groupe de chanteurs d'opéra qui fait régulièrement le tour de Parliament square en chantant "L'ode à la Joie", l'hymne européen. Mais ils sont moins tenaces.
"Loser!"
Bray habite Port Talbot, au pays de Galles, mais loge à Londres dans un appartement mis à disposition par ses soutiens. Il se décrit comme un indépendant -- il collectionne et vend des pièces de monnaies rares-- mais il est soutenu par un mouvement anti-Brexit non identifié, ce que se détracteurs s'empressent de souligner.
"Il fait ce qu'il est payé pour faire", estime Robert Wright, un partisan du Brexit qui vient manifester chaque semaine.
Les Brexiters comme Wright brandissent des pancartes "Leave Means Leave" (partir veut dire partir), appelant à une rupture nette avec l'UE. Ils se mêlent à la foule des touristes et aux manifestants pro-UE.
"On est tous d'accord qu'on ne veut pas du mauvais accord" de Theresa May, explique Bray à une femme qui arbore un badge "Leave".
L'ambiance serait presque amicale, mais Bray dit avoir reçu des menaces de se faire tabasser.
"T'es un loser, Steven! Un loser!" lui crie un homme. "Et toi, tu as gagné quoi?", répond-il.
Bray est convaincu qu'un second référendum donnerait un résultat différent: "Les informations qui ont été données aux gens étaient manipulées, on leur a dit qu'ils seraient bien mieux sans l'UE", ajoute-t-il. "Faut pas avoir fait Science pour voir que nous allons être moins bien hors de l'UE".
Il a commencé sa campagne sur les réseaux sociaux pendant le référendum de juin 2016 qui a décidé le Brexit, lorsqu'il essayait de convaincre ses amis de voter contre. Puis il a sillonné les rues de Londres sur un char de carnaval montrant Theresa May avec un revolver "Brexit" dans la bouche.
Quand on lui demande s'il sera toujours là lorsque la Grande-Bretagne quittera l'UE le 29 mars 2019, il réplique, optimiste: "Je suis certain que nous ne partirons pas. A la fin, le bon sens l'emportera".
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