Crée en décembre 2017 en co-production avec l'Opéra de Reims et de Liège, ce spectacle grandiose qui mêle chant et danse rend hommage au film de Jacques Demy. Patrick Leterme, directeur musical et co-directeur artistique, nous parle de cette comédie musicale qui lui tient particulièrement à cœur :
Pourquoi la Cie Ars Lyrica a choisi de mettre en scène Les parapluies de Cherbourg ?
"À l'origine cette compagnie lyrique se consacre à un répertoire léger : c'est-à-dire toute sorte de spectacle excepté l'opéra sérieux à condition que ces spectacles soient joués en français et destinés à un public adulte. Le dernier en date était 'Un violon sur le toit'. 'Les parapluies de Cherbourg' a été retenu car c'est une œuvre qui a vraiment résisté au temps même si elle fête cette année ses 50 ans. C'est, certes une comédie musicale mais elle ne sombre pas dans les clichés du genre, pour Michel Legrand c'était même véritablement un opéra. En fait, c'est un genre hybride entre l'opéra et la comédie musicale."
Quelle est l'originalité de cette nouvelle version ?
"Il y a eu d'autres versions semi-scéniques du film de Jacques Demy mais c'est la première fois qu'une version scénique est imaginée avec décors et costumes. La musique originale est respectée mais la partition est interprétée par une vingtaine de musiciens seulement alors que les versions précédentes étaient des versions symphoniques avec une soixantaine de musiciens. Réduire l'ampleur de l'orchestre nous permettait en fait d'envisager des tournées et une vingtaine de musiciens suffit cependant à restituer toutes les couleurs musicales de la version d'origine."
Quelles ont été les défis à relever pour adapter le film de Demy en comédie musicale sur scène ?
"La musique de Legrand a été écrite pour un film et non pas pour un spectacle scénique. C'est donc une partition continue sans aucun temps mort qui nous permettrait de changer les décors. Nous avons dû donc imaginer des astuces pour restituer la partition dans le rythme initial en enchaînant les scènes. Nous avons donc recours à un système de diaphragme ; la scène est cloisonnée en cases verticales et avec un système de penderie et de rideau nous occultons, telle ou telle partie de cet espace pour concentrer l'attention du spectateur sur telle ou telle scène. Par ce système nous reproduisons un effet de travelling. Au cinéma, c'est la caméra qui bouge pour créer du mouvement ici c'est l'inverse. En plus une captation et retransmission vidéo en live permettent de basculer du film au réel."
Quelle esthétique avez-vous retenu ?
"Nous avons voulu respecter l'esthétique d'origine en évitant de sombrer dans le kitsch toutefois. Nous ne nous sommes pas acharnés à la reproduire fidèlement mais plutôt à en restituer l'essence : cela reste une relecture du film de Demy. Dans le souvenir collectif 'Les parapluies de Cherbourg' ce n'est pas seulement l'histoire en soi mais l'univers coloré dans lequel elle s'implante et qui lui est indissociable. Alors nous avons choisi de baigner les trois chapitres dans des ambiances colorées distinctes en fonction de l'évolution de l'intrigue : le rouge pour la passion amoureuse, le vert pour évoquer l'absence de l'être aimé et le bleu pour la mélancolie. Ce choix d'un univers coloré c'est aussi une référence à l'avènement du cinéma en couleur à l'époque."
Du 18 au 22 décembre 2018 au Théâtre des arts à Rouen. 5 à 46€. operaderouen.fr
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