Pas question donc pour eux d'accepter le compromis trouvé par Mme May avec Bruxelles, qui sera soumis au vote des députés le 11 décembre, ont-ils averti.
Ils sont environ une centaine à avoir annoncé qu'ils rejetteraient l'accord, tout comme l'opposition travailliste, alors que Theresa May ne bénéficie que d'une courte majorité d'une dizaine de voix.
Certains ont déjà tenté une fois de la renverser en réunissant des lettres de défiance, mais sans atteindre le seuil requis par le parti de 48 lettres. Ils sont prêts à récidiver si le Parlement rejette l'accord de retrait de l'Union européenne.
Selon ces eurosceptiques, voire europhobes, cet accord, qui prévoit le maintien provisoire du Royaume-Uni dans l'union douanière européenne, est synonyme d'obligation de continuer à appliquer certaines réglementations dictées par Bruxelles et constitue une trahison du vote des Britanniques pour quitter l'UE, lors du référendum de juin 2016.
L'ex-chef conservateur de la diplomatie, Boris Johnson, l'une de leurs figures de proue, a qualifié le texte d'"humiliation nationale tournant le Brexit en dérision", à l'ouverture mardi des débats au Parlement précédant le vote.
Ce compromis a été adopté en attendant de trouver une solution pérenne pour éviter le retour d'une frontière physique entre les deux Irlande: la république d'Irlande, qui restera dans l'UE, et la province britannique d'Irlande du Nord, qui en sortira avec le reste du Royaume-Uni.
Selon Steve Baker, membre du groupe de députés conservateurs eurosceptiques ERG, les députés britanniques "ne devraient pas avoir peur de sortir sans accord", ce qui signifierait une hausse des droits de droits de douane et des contrôles aux frontières des biens.
- "Fanatiques"
Le patron de l'ERG, Jacob Rees-Mogg, affirme lui qu'un "no deal" donnerait même un coup de fouet à l'économie du pays, malgré les prédictions les plus noires des économistes et de la Banque d'Angleterre et autres mises en garde répétées des milieux d'affaires.
"C'est du positionnement qui est au-delà du rationnel, c'est de l'idéologie, du parti pris, on sort et advienne que pourra", constate Pascale Joannin, directrice générale du centre de réflexion pro-européen Robert Schuman. "Mais on voit bien qu'ils n'arrivent pas à faire une contre-proposition", ajoute-t-elle, interrogée par l'AFP.
Pour Nick Wright, spécialiste de politique européenne à l'University College de Londres, "certains des Brexiters fanatiques de l'ERG privilégient la sortie l'UE sur tout, y compris la loyauté envers leur parti".
Nick Cohen, éditorialiste au journal hebdomadaire The Observer, tout en comparant l'attitude de Steve Baker au jusqu'au boutisme du révolutionnaire français Robespierre, voit dans l'attitude de l'ERG une logique très politique.
"Ils n'ont jamais caché que leur ambition était de revenir sur la protection sociale des travailleurs", écrit-il. "Quitter l'UE peut concrétiser leur rêve", ajoute-t-il, rappelant que David Davis, ex-ministre chargé du Brexit et partisan d'une sortie claire et nette, vantait en 2016 la possibilité pour un Royaume-Uni indépendant de l'UE de lui faire concurrence en offrant "des impôts plus bas, une régulation plus souple et d'autres incitations fortes".
Cette position n'est toutefois pas exempte de risques. Si les députés rejettent l'accord de Theresa May, le Parti travailliste, principale formation d'opposition, entend bien en profiter pour essayer d'obtenir de nouvelles élections générales, avec l'espoir de chasser les conservateurs d'un pouvoir qu'ils occupent depuis huit ans.
Quant aux europhiles de tous bords, ils comptent réclamer un nouveau référendum, qui s'il est organisé et selon la question qui sera posée pourrait aussi bien aboutir au résultat inverse de celui souhaité par l'ERG.
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