Les réactions agacées de Moscou interviennent au lendemain des menaces du secrétaire d'Etat américain Mike Pompeo, qui a donné 60 jours à la Russie pour se conformer au traité INF, faute de quoi les Etats-Unis se retireront de l'accord.
"D'abord, la partie américaine annonce son intention de se retirer du traité (...) Ensuite, elle commence à chercher des motifs pour le faire", a commenté le président russe Vladimir Poutine, cité par les agences de presse russes.
"La justification numéro un est que nous violons quelque chose. En même temps, comme d'habitude, aucune évidence de ces violations de notre part n'a été fournie", a-t-il ajouté.
Ces déclarations sont un écho à la réaction de la porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova, qui avait estimé plus tôt que "des accusations sans fondement sont répétées". "Aucune preuve qui soutiendrait les accusations américaines n'a été apportée", avait-elle ajouté.
Signé il y a plus de 30 ans, le traité INF a été remis sur le devant de la scène en octobre, quand le président américain Donald Trump a annoncé que les Etats-Unis allaient "mettre fin à l'accord" et développer à nouveau des armes nucléaires.
Habitué des volte-faces, Donald Trump a pourtant affiché lundi sa volonté de travailler avec la Russie et la Chine, elle aussi dans son collimateur, pour mettre fin à une course aux armements devenue "incontrôlable".
Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a assuré aux journalistes que "les faits ont été tordus pour camoufler le vrai objectif du retrait américain de ce traité", sans donner plus de précisions.
Les menaces américains n'ont pas empêché le chef d'état-major de l'armée russe, le général Valéri Guerassimov, d'assurer que Moscou allait augmenter son arsenal nucléaire.
"L'un des facteurs les plus destructifs compliquant les relations internationales, s'avère être les agissements des Etats-Unis essayant de garder leur rôle dominant dans les affaires internationales", a-t-il déclaré dans un communiqué de l'armée russe.
"C'est dans ce but que Washington et ses alliés prennent des mesures complexes, coordonnées, pour contenir la Russie et discréditer son rôle dans les affaires internationales", a-t-il ajouté.
- "Dernière chance" -
Le traité INF (Intermediate Nuclear Forces Treaty) sur les armes nucléaires de portée intermédiaire avait été signé en 1987 par les dirigeants américain et soviétique de l'époque, Ronald Reagan et Mikhaïl Gorbatchev.
Ce traité, en abolissant l'usage de toute une série de missiles d'une portée variant de 500 à 5.500 km, avait mis un terme à la crise déclenchée dans les années 1980 par le déploiement des SS-20 soviétiques à têtes nucléaires ciblant les capitales occidentales.
A l'issue d'une réunion des ministres de la Défense de l'Otan au siège de l'Alliance à Bruxelles, son secrétaire général Jens Stoltenberg a souligné que "la Russie a maintenant une dernière chance de se conformer de nouveau au Traité INF", précisant toutefois que "nous devons également commencer à nous préparer à un monde sans traité".
L'Otan a ensuite adopté une déclaration dans laquelle elle accuse Moscou d'avoir violé le traité et de faire peser des risques importants sur la sécurité euro-atlantique. "Nous appelons la Russie à revenir sans délai à un respect total et vérifiable. Il appartient à présent à la Russie de préserver le traité INF", est-il indiqué dans la déclaration.
Washington se plaint du déploiement par Moscou du système de missiles 9M729, dont la portée selon Washington dépasse les 500 km.
Ce nouveau système de missiles (nommé SSC8 dans la nomenclature Otan) est considéré comme une menace réelle en raison de sa portée. Selon le secrétaire général de l'Otan, ces missiles peuvent frapper les villes d'Europe en quelques minutes après avoir été tirés de l'intérieur du territoire russe et peuvent porter des charges nucléaires.
Le Département d'Etat américain a indiqué dans un communiqué publié mardi avoir fourni "plus qu'assez d'informations pour que la Russie s'implique de façon substantielle sur ce sujet".
Le délai de 60 jours avancé par M. Pompeo correspond à la prochaine réunion des ministres de la Défense de l'Otan les 14 et 15 février 2019.
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