Alors que la délégation rebelle est déjà arrivée en Suède, l'ONU n'a pas officiellement annoncé la date du début des négociations, les premières de ce genre depuis 2016. La guerre dure depuis 2014 au Yémen, où la famine menace une partie de la population.
La délégation gouvernementale a attendu que les représentants rebelles arrivent mardi soir à Stockholm pour décoller mercredi matin de Ryad, ont indiqué des sources proches du pouvoir. Elles ont rappelé qu'en septembre une délégation gouvernementale s'était rendue à Genève pour des consultations, mais que les Houthis n'étaient pas venus.
La délégation gouvernementale yéménite, forte de 12 membres, est cette fois conduite par le ministre des Affaires étrangères Khaled al-Yemani, a précisé une source proche de cette délégation.
Elle est "porteuse des espoirs du peuple yéménite", a dit Abdallah Alimi, chef du cabinet du président Abd Rabbo Mansour Hadi qui s'est réfugié en Arabie saoudite après la conquête en 2014 de la capitale yéménite Sanaa par les rebelles Houthis.
La délégation gouvernementale déploiera tous les efforts "pour la réussite des consultations [en Suède] que nous considérons comme une occasion réelle pour rétablir la paix", a souligné M. Alimi dans un tweet.
"Premier pas vital"
La délégation rebelle était arrivée mardi soir à bord d'un avion spécial koweïtien transportant également le médiateur des Nations unies, le Britannique Martin Griffiths, qui était depuis lundi à Sanaa.
"Nous sommes confiants dans le fait que les deux parties se rencontreront cette semaine en Suède", a déclaré de New York le porte-parole de l'ONU Farhan Haq.
"Nous n'avons aucune illusion et savons que ce processus ne sera pas facile, mais nous saluons ce premier pas vital et nécessaire", a commenté mardi le département d'État américain, appelant les belligérants à y participer "pleinement et sincèrement", tout en "cessant toutes les hostilités en cours".
Les Houthis "n'épargneront aucun effort pour faire réussir les pourparlers", a quant à lui assuré Mohammed Abdelsalam, qui dirige la délégation des rebelles.
L'une des initiatives ayant favorisé ces prochaines discussions est la signature par le gouvernement du président Hadi, en exil à Aden (sud du Yémen), et les rebelles d'un accord en vue d'échanger des centaines de prisonniers.
Hadi Haig, chargé de la question des détenus au gouvernement, a déclaré à l'AFP que cet accord concernerait entre 1.500 et 2.000 partisans du gouvernement et entre 1.000 et 1.500 rebelles. Il sera mis en oeuvre après les négociations en Suède.
Un représentant des rebelles, Abdel Kader al-Mourtadha, a souhaité qu'il soit "appliqué sans problème".
La Croix-Rouge internationale a annoncé qu'elle participerait à l'application de l'accord conclu sous l'égide de M. Griffiths, qui a multiplié les efforts pour convaincre les protagonistes de participer aux pourparlers en Suède.
Chance "décisive"
L'un des principaux objectifs est de trouver une solution politique pour faire cesser le bain de sang et éviter que la grave crise humanitaire n'empire au Yémen.
Partis en 2014 de leur bastion du nord du Yémen, les rebelles Houthis ont pris le contrôle de vastes régions, dont la capitale et la ville portuaire de Hodeida (ouest), par laquelle transitent la plupart de l'aide humanitaire à ce pays pauvre de la péninsule arabique.
En mars 2015, l'Arabie saoudite voisine a pris la tête d'une coalition militaire pour aider le pouvoir au Yémen à stopper la progression des rebelles Houthis. Et le conflit a progressivement pris la tournure d'une "guerre par procuration" entre les rivaux régionaux saoudien et iranien.
Le ministre d'État aux Affaires étrangères des Émirats arabes unis, Anwar Gargash, dont le pays est un pilier de la coalition militaire, a estimé que les pourparlers en Suède offraient "une occasion décisive pour s'engager avec succès dans une solution politique".
"Un État stable, important pour la région, ne peut coexister avec des milices illégales", a-t-il toutefois ajouté, notant l'importance de la résolution 2216 de l'ONU qui souligne la légitimité du pouvoir Hadi et exige le retrait des Houthis des secteurs qu'ils occupent ainsi que la restitution des armes lourdes.
L'évacuation lundi vers le sultanat d'Oman de rebelles blessés au Yémen a ouvert la voie aux discussions de Suède.
Cette question avait fait capoter les pourparlers en septembre à Genève, les Houthis ayant accusé Ryad, qui contrôle l'espace aérien yéménite, d'avoir empêché le départ de blessés et de ne pas avoir donné de garanties pour le voyage aller-retour en toute sécurité de la délégation des rebelles.
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