Un avion spécialement affrété transportant le médiateur des Nations unies, Martin Griffiths, qui était depuis lundi dans la capitale yéménite Sanaa contrôlée par les insurgés, s'est posé peu avant 21H00 GMT, avec également à son bord les représentants des rebelles, à l'aéroport de Stockholm. La délégation du pouvoir conduite par le ministre des Affaires étrangères Khaled al-Yemani pourrait à son tour y arriver mercredi.
La date du début des consultations en Suède n'a pas été annoncée par l'ONU, mais des sources gouvernementales yéménites parlent de jeudi.
"Nous sommes confiants dans le fait que les deux parties se rencontreront cette semaine en Suède", a déclaré de New York le porte-parole des Nations unies Farhan Haq.
"Nous n'avons aucune illusion et savons que ce processus ne sera pas facile, mais nous saluons ce premier pas vital et nécessaire", a commenté mardi dans un communiqué le département d'Etat américain, appelant les belligérants à y participer "pleinement et sincèrement", tout en "cessant toutes les hostilités en cours".
Les rebelles Houthis "n'épargneront aucun effort pour faire réussir les pourparlers", a quant à lui assuré Mohammed Abdelsalam qui dirige la délégation des rebelles.
L'une des initiatives ayant favorisé ces prochaines discussions est la signature par le gouvernement du président Abd Rabbo Mansour Hadi, en exil à Aden (sud), et les rebelles d'un accord en vue d'échanger des centaines de prisonniers.
Hadi Haig, chargé de la question des détenus au gouvernement, a déclaré à l'AFP que cet accord concernerait entre 1.500 et 2.000 partisans du gouvernement et entre 1.000 et 1.500 rebelles. Il sera mis en oeuvre après les négociations en Suède.
Un représentant des rebelles, Abdel Kader al-Mourtadha, a souhaité qu'il soit "appliqué sans problème".
La Croix-Rouge internationale a annoncé qu'elle participerait à l'application de l'accord conclu sous l'égide de M. Griffiths qui a multiplié les efforts pour convaincre les protagonistes de participer aux pourparlers en Suède.
Chance "décisive"
L'un des principaux objectifs est de trouver une solution politique pour faire cesser le bain de sang et d'éviter que la grave crise humanitaire n'empire au Yémen, menacé par la famine.
Partis en 2014 de leur bastion du nord du Yémen, les rebelles Houthis ont pris le contrôle de vastes régions, dont la capitale et la ville portuaire de Hodeida (ouest), par laquelle transitent la plupart de l'aide humanitaire à ce pays pauvre et des importations.
En mars 2015, l'Arabie saoudite voisine a pris la tête d'une coalition militaire pour aider le pouvoir au Yémen à stopper la progression des rebelles chiites pro-iraniens. Et le conflit a progressivement pris la tournure d'une "guerre par procuration" entre les rivaux régionaux saoudien et iranien.
Le ministre d'Etat aux Affaires étrangères des Emirats arabes unis, Anwar Gargash, dont le pays est un pilier de la coalition militaire, a estimé que les pourparlers en Suède offraient "une occasion décisive pour s'engager avec succès dans une solution politique".
"Un Etat stable, important pour la région, ne peut coexister avec des milices illégales", a-t-il toutefois ajouté, notant l'importance de la résolution 2216 de l'ONU qui souligne la légitimité du pouvoir Hadi et exige le retrait des Houthis des secteurs qu'ils occupent ainsi que la restitution des armes lourdes.
L'évacuation lundi vers le sultanat d'Oman de rebelles blessés au Yémen a ouvert la voie aux discussions de Suède.
Cette question avait fait capoter les pourparlers en septembre à Genève, les Houthis ayant accusé Ryad, qui contrôle l'espace aérien yéménite, d'avoir empêché le départ de blessés et de ne pas avoir donné de garanties pour le voyage aller-retour en toute sécurité de la délégation des rebelles.
Soutien saoudien
Selon le colonel saoudien Turki al-Maliki, le porte-parole de la coalition antirebelles, l'évacuation des blessés a été autorisée, "à la demande" de Martin Griffiths, en tant que "mesure destinée à instaurer la confiance".
La réouverture prochaine de l'aéroport international de Sanaa au trafic commercial figure parmi d'autres "mesures de confiance" susceptibles d'être discutées en Suède, selon des sources onusienne et yéménite.
L'Arabie saoudite est sous la pression des Occidentaux depuis l'assassinat de Jamal Khashoggi, un journaliste saoudien critique du prince héritier Mohammed ben Salmane, le 2 octobre au consulat de ce royaume à Istanbul.
Parallèlement aux sollicitations pour que toute la lumière soit faite sur cette affaire qui a terni l'image du pouvoir à Ryad, les appels se multiplient pour que les Saoudiens accélèrent le processus en vue d'un règlement au Yémen.
Dans son appel humanitaire mondial pour 2019 lancé à Genève, l'ONU a déclaré que le Yémen n'avait "jamais été aussi proche de la famine".
Depuis 2015, les combats ont fait quelque 10.000 morts selon les Nations unies, mais des ONG estiment que le bilan réel est nettement plus élevé.
bur-ras-tl-hdy/bds
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