C'est la compagnie rouennaise Chiendent qui est à l'origine de ce spectacle théâtral à destination d'un public adolescent.
Créé en mars 2017, Nasreddine le fou croise des contes traditionnels inspirés par ce personnage et des témoignages d'adolescents d'aujourd'hui pour évoquer la norme et la façon dont chacun s'en libère ou s'y soumet. Julien Frégé qui interprète Nasreddine sur scène nous parle de cette création :
Comment est né ce spectacle ?
"C'est la deuxième création de la compagnie. Nadège Cathalineau et moi-même sommes à l'origine de cette compagnie qui en fait est un duo : le groupe Chiendent. C'est en région parisienne à Montreuil que nous avons commencé notre travail en recueillant de manière anonyme les témoignages de jeunes. Nous avions déjà le désir de parler d'identité et de la façon dont on parvient à se distinguer du groupe et à affirmer ses différences et nous avons découvert dans un même temps par hasard les contes de Nasreddine, un récit très populaire au Moyen-Orient. Il nous a semblé pertinent d'établir des ponts entre ces contes et les questionnements des adolescents d'aujourd'hui. Le spectacle a été enrichi par des ateliers successifs réalisés dans les collèges des environs : le collège Camille Claudel et Boeldieu à Rouen et le collège Mandela d'Elbeuf. Par leurs témoignages, les jeunes ont vraiment pris part à la création du spectacle en nous confiant la façon dont ils vivent leurs différences."
Qui est Nasreddine ?
"Nasreddine le fou, Nasreddine le sage est un philosophe turc du Moyen-Âge qui a inspiré de nombreux contes. Il était connu pour son anticonformisme, son sens de l'humour et sa malice. Face aux puissants, au pouvoir politique ou religieux, il trouve toujours une pirouette pour s'en sortir grâce à son imagination débordante. Cette sorte d'antihéros exprime sa rébellion par la parole et non pas par la violence. Nous avons décidé d'utiliser ce personnage mythique pour enrichir le propos du spectacle pour comprendre comment se positionner et comment reste soi-même face aux autres. Sur scène j'incarne Nasreddine : un personnage grimé au visage couvert d'argile blanche qui évoque aussi la figure du clown."
À qui s'adresse ce spectacle ?
"Il se destine aux jeunes d'aujourd'hui et en particulier aux adolescents, même s'il parle également aux adultes. Nasreddine est un personnage universel, mais nous avons voulu dans ce spectacle établir des ponts entre ces contes traditionnels et ce que peuvent vivre et ressentir les adolescents d'aujourd'hui. On parle aussi bien du sexisme, du harcèlement sur les réseaux sociaux que des environnements familiaux pesants. Pour mettre à jour ce lien entre ces deux époques, Nadège et moi incarnons sur scènes deux personnages complémentaires. Elle se présente comme une conférencière. C'est elle qui accueille le public et présente le personnage de Nasreddine. Mais par ses propos elle incarne en fait son pendant moderne : un Nasreddine d'aujourd'hui ancré dans le réel. D'autre part, les contes de Nasreddine ne donnent pas une morale claire, comme celle des fables de La Fontaine. La chute est ouverte, cela incite le public à la réflexion."
Quels ont été vos choix de mise en scène
"Nous ne sommes que deux sur scène et Nadège tient les ficelles à la fois sur scène et en régie. C'est un spectacle dont les mécanismes restent visibles. La scène se résume à une bâche de plastique tendue en fond sur laquelle on vient faire des graffitis et qui nous permet aussi de travailler un jeu d'ombre et de lumière. Au sol une autre bâche de plastique est étendue. Les médiums sont simples de manière à stimuler l'imaginaire du spectateur. Avec peu de choses on parvient à faire beaucoup."
Pratique. Mercredi 5 décembre à 15 heures à la Ferme des deux lions à Canteleu. Gratuit sur réservation au 02 35 36 95 80.
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