Le président russe Vladimir Poutine et le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane (MBS) ont déjà annoncé lors du G20 qu'ils renouvelleraient l'accord de limitation de la production en 2019.
Mais les ministres des deux géants du pétrole et de leurs partenaires vont désormais s'affairer dans la capitale autrichienne pour pouvoir annoncer un accord lors des réunions plénières jeudi et vendredi et regagner leur crédibilité auprès des marchés.
Si ce groupe d'une vingtaine de pays, qui représentent plus de la moitié de la production mondiale, continue d'extraire de l'or noir à des niveaux records, ils risquent en effet de voir les prix continuer de flancher.
Les cours du brut ont chuté de plus de 30% en deux mois et évoluent désormais autour de 60 dollars pour le baril de Brent - la référence européenne.
Mais s'ils durcissent leur accord de limitation de leur production, ils pourraient mettre à mal la croissance mondiale, très dépendante d'un carburant au prix abordable.
Foudre américaine
L'Arabie saoudite pourrait également s'attirer les foudres de Washington, où le président Donald Trump a multiplié les attaques contre l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) et alors que les relations entre le royaume et son allié américain sont entachées par le meurtre du journaliste opposant Jamal Khashoggi.
"Des prix bas ne sont pas une option pour MBS, qui a besoin d'un baril plus cher pour appliquer son plan économique", ont commenté les analystes de Energy Aspects, qui ajoutent que "la clef sera de trouver un accord avec M. Trump".
La position de Washington pourrait cependant évoluer, souligne Giovanni Staunovo, analyste d'UBS dans une note où il rappelle que les producteurs américains de pétrole de schiste ont besoin d'un niveau élevé des prix pour que leurs exploitations aux technologies de pointe restent rentables.
"Nous pensons que l'expérience de fin 2014, quand l'Opep avait refusé d'abaisser sa production et que les prix avaient plongé à 45 dollars le baril en janvier 2015, est encore fraîche dans les esprits", a écrit M. Staunovo.
Ce fiasco de l'Opep avait fait perdre de la crédibilité à l'Organisation. Fin 2016, un contrôle actif du marché avait été à nouveau adopté, et le cartel avait frappé un grand coup en s'alliant à d'autres producteurs, dont la Russie.
L'alliance élargie, en se fixant des objectifs de production et en les respectant, avait contribué à la remontée des prix du brut jusqu'à début octobre 2018.
Discussions russo-saoudiennes
Mais en juin dernier, les producteurs avaient assoupli leur discipline. L'objectif était de permettre à la Russie et à l'Arabie saoudite d'extraire davantage pour compenser les pertes prévues de barils iraniens. Les Etats-Unis avaient annoncé en effet pour novembre le rétablissement des sanctions contre les importateurs de pétrole iraniens, ce qui devait réduire l'offre mondiale.
Pari raté pour Moscou et Ryad ? Au dernier moment, les Etats-Unis ont accordé des exemptions à huit importateurs, à des niveaux plus élevés que ne l'attendait le marché. Cette décision a provoqué le plongeon des prix de ces deux derniers mois, qui a fait effacer aux cours leurs gains engrangés depuis début 2017.
Reste à savoir si l'alliance fera machine arrière en adoptant de nouvelles baisses des productions et, si elle le fait, comment seront attribuées les baisses.
Les discussions pourraient être houleuses, alors que certains pays voient d'un mauvais oeil l'Arabie saoudite dicter la conduite de l'Opep.
Le Qatar annoncé lundi qu'il allait quitter l'Organisation en janvier, alors que l'Arabie saoudite a rompu ses relations diplomatiques avec le pays en juin 2017.
Si Doha ne représente que 2% de la production de l'Opep, l'Iran a multiplié ces derniers mois les critiques contre l'Organisation dont le pays est le troisième producteur, accusant son rival saoudien de faire le jeu des Américains.
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