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Macron prend le temps de répondre aux gilets jaunes après le chaos à Paris

Le gouvernement cherchait dimanche comment surmonter la crise provoquée par les émeutes inédites qui ont secoué Paris samedi lors des manifestations des "gilets jaunes", mais Emmanuel Macron a prévenu qu'il ne prendrait pas la parole dans l'immédiat.

Macron prend le temps de répondre aux gilets jaunes après le chaos à Paris
Réunion le 2 décembre 2018 avec le président Emmanuel Macron et des membres du gouvernement, à l'Elysée - STEPHANE MAHE [POOL/AFP]

"Le président de la République ne s'exprimera pas aujourd'hui" a fait savoir le Palais de l'Elysée après une réunion de crise avec les ministres clés de ce dossier devenu explosif, tant la fronde des "gilets jaunes", ces Français modestes, semblent incontrôlable, et tant les images d'émeutes en plein Paris ont frappé les esprits.

Il a en revanche demandé au Premier ministre Edouard Philippe de recevoir, à une date non précisée, "les chefs de partis représentés au Parlement ainsi que des représentants des manifestants", au nom d'un "souci constant de dialogue"

Auparavant, peu après son retour du G20 en Argentine, il s'était rendu au pied de l'Arc de triomphe, célèbre monument parisien où repose le soldat inconnu, qui a été dégradé samedi lors de la troisième journée de mobilisation des "gilets jaunes" auxquels se sont joints de nombreux casseurs.

Le président a été hué par plusieurs gilets jaunes sur place.

Le monument, un des plus visités et des plus emblématiques de Paris, a été tagué, son musée saccagé, le visage d'une sculpture, reproduction de "La Marseillaise", brisé. La secrétaire d'Etat auprès de la ministre des Armées Geneviève Darrieussecq devait être présente à la traditionnelle cérémonie du ravivage de la flamme dimanche soir et constater les dégâts.

Dans Paris, les employés municipaux et les ouvriers tentaient dimanche de réparer les dégâts et nettoyer au lendemain de cette folle journée de violences inédites où certains gilets jaunes et des casseurs ont affronté la police dans les beaux quartiers, sous le regard médusé de Parisiens et de touristes, dans une ambiance insurrectionnelle, avec incendies, barricades, nuages de gaz lacrymogène, canon à eau, etc.

Réponse sécuritaire et politique

Un total de 136.000 personnes ont participé samedi dans toute la France à la troisième journée de mobilisation des "gilets jaunes" au cours de laquelle 263 personnes ont été blessées contre 166.000 le samedi précédent (chiffre revu à la hausse dimanche, le précédent étant de 106.000).

Au total, à Paris, 412 personnes ont été interpellées et 378 placées en garde à vue, selon un bilan dimanche de la préfecture de police qui chiffre à 133 le nombre de personnes blessées dans la capitale.

Dans la nuit de samedi à dimanche, un automobiliste est mort à Arles (sud-est) après avoir percuté un poids lourd à l'arrêt en raison d'un embouteillage provoqué par un barrage de "gilets jaunes". Cet accident porte à trois le nombre de décès liés au mouvement depuis son démarrage voilà trois semaines.

Les gilets jaunes, qui tirent leur nom du gilet fluorescent que doit posséder chaque automobiliste, fédèrent nombre de Français modestes qui peinent à boucler les fins de mois, s'opposent la politique sociale et fiscale, et dénoncent le mépris et l'intransigeance dont le gouvernement ferait preuve à leur encontre, alors qu'il a plusieurs fois répété qu'il ne varierait pas de cap.

Samedi soir, alors que des voitures brûlaient en plein Paris et que des magasins étaient pillés, Emmanuel Macron avait accusé les manifestants violents de ne vouloir que le "chaos".

Le gouvernement doit trouver une réponse sécuritaire aux méfaits des casseurs mais ne peut manifestement plus faire l'impasse face à la "colère légitime", selon les mots du président, des "gilets jaunes".

"Eloigné des réalités"

Après la journée de samedi, dont les images ont fait le tour du monde, marquée aussi par des manifestations et des heurts en province, certaines voix du pouvoir laissent entendre qu'il y aura du changement, au moins dans la forme, de l'action gouvernementale.

"Là où on a péché, c'est que l'on a été trop éloignés des réalités des Français", a estimé dans le journal Le Parisien le nouveau patron du parti macroniste LREM (La République en Marche), Stanislas Guérini, élu samedi.

Samedi soir, M. Castaner a reconnu que le gouvernement s'était "planté sur un certain nombre de séquences de communication et de pédagogie, notamment sur l'enjeu de se sortir du tout pétrole", puisque le boutefeu de cette colère populaire a été un projet de taxe sur les carburants censée financer la transition écologique.

Mais l'opposition et une partie des "gilets jaunes", mouvement protéiforme sans structure ni dirigeant, réclament d'abord un geste fort au gouvernement, à commencer par un moratoire ou un gel de la hausse des taxes sur les carburants.

A droite, le président des Républicains, Laurent Wauquiez, a réitéré son appel à un référendum sur la politique écologique et fiscale d'Emmanuel Macron. Marine Le Pen (extrême droite) a demandé à être reçue par M. Macron avec les autres chefs de partis politiques d'opposition. Elle a aussi demandé la dissolution de l'Assemblée nationale et de nouvelles élections.

A gauche, le patron des socialistes, Olivier Faure, a réclamé des États généraux sur le pouvoir d'achat. Jean-Luc Mélenchon, chef de file de la France insoumise (gauche radicale), a appelé à rétablir l'impôt sur la fortune et applaudi "l'insurrection citoyenne" qui "fait trembler la macronie et le monde du fric".

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