"Aujourd'hui nous avons pris la décision de retirer la CAN-2019 au Cameroun", a lancé Ahmad Ahmad, président de la Confédération africaine de football (CAF) lors d'une conférence de presse, après plus de dix heures de réunion à huis clos à Accra au Ghana.
C'était une mesure attendue pour un pays-hôte pénalisé par des retards dans l'avancée des travaux de préparation, alors que le format du tournoi est passé à 24 équipes.
Mais la suite n'est pas très claire, notamment pour le calendrier. "Nous allons recruter un cabinet pour lancer un appel d'offres et déterminer un nouveau pays d'accueil pour la CAN-2019, a ajouté le dirigeant. On sait qu'il n'y en aura pas beaucoup mais on va laisser le choix à ce cabinet d'évaluer et de faire des visites et de faire sortir avant la fin de l'année le pays organisateur de la CAN".
Et d'ajouter sibyllin: "Sans interrompre le travail du Cameroun. La CAF prend un engagement de soutenir le Cameroun, de donner du temps pour qu'il puisse bien préparer une CAN".
Quand un journaliste a demandé si cela voulait dire que la CAN-2021, attribuée à la Côte d'Ivoire, pourrait revenir au Cameroun en cas de progrès, ou si cela voulait dire que le Cameroun pourrait obtenir celle de 2023, Ahmad Ahmad est resté évasif. Lançant même "à vous de voir" après une énième relance.
Maroc et Afrique du Sud candidats ?
Dans l'immédiat, pour organiser le tournoi l'été prochain, qui peut se substituer au Cameroun? Le Maroc, candidat malheureux à l'organisation du Mondial-2026 (attribué au trio USA/Mexique/Canada), est régulièrement cité par les médias comme possible postulant. L'Afrique du Sud, seul pays africain à avoir accueilli une Coupe du monde (en 2010) fait également partie des candidats potentiels.
L'Egypte a d'ores et déjà vendredi soir annoncé qu'elle ne postulerait pas. "L'Égypte ne présentera pas de dossier de candidature et estime qu'il y a un consensus pour que le Maroc accueille la compétition", a déclaré Magdi Abdel Ghani, membre du conseil d'administration de la Fédération, selon son responsable presse.
Le 29 septembre, lors d'un comité exécutif organisé à Charm el-Cheikh en Egypte, la Confédération africaine avait pointé "un retard important dans la réalisation des infrastructures" au Cameroun.
Le Cameroun connait aussi actuellement un contexte sécuritaire très tendu avec des attaques persistantes des jihadistes de Boko Haram dans le nord du pays et un conflit entre l'armée et des séparatistes dans les deux régions anglophones du pays.
De quoi raviver de mauvais souvenirs. En 2010, le bus de l'équipe du Togo avait été mitraillé en Angola (trois morts), deux jours avant le coup d'envoi de la Coupe d'Afrique des nations.
"Le football dépend de nos gouvernements"
Ce vendredi, Ahmad Ahmad a juste lâché: "le football en Afrique dépend de nos gouvernements". "Mais notre priorité est de préserver l'intérêt de nos acteurs et surtout nos joueurs, je ne sais pas s'il existe des statistiques mais beaucoup ont été blessés lors des CAN pour des raisons de conditions d'organisation", s'est-il contenté d'ajouter.
L'histoire des Coupe d'Afrique des nations est riche en feuilletons improbables. L'Afrique du Sud avait ainsi accueilli et remporté l'édition 1996 de la CAN, initialement prévue au Kenya, après que ce dernier avait dû jeter l'éponge en raisons de difficultés financières.
L'Afrique du Sud avait aussi organisé l'édition 2013 en remplacement de la Libye, qui avait renoncé deux ans avant le coup d'envoi en raison du conflit armé dans le pays.
La CAN-2015 avait elle finalement eu lieu en Guinée équatoriale, désignée comme remplaçant providentiel après le retrait de l'organisation au Maroc.
Ce remplacement avait tourné à l'incroyable saga: le Maroc avait refusé d'organiser l'édition 2015 aux dates prévues, réclamant en vain son report du fait de l'épidémie d'Ebola en Afrique de l'Ouest.
La CAF avait alors exclu le Maroc de l'édition 2015, trouvé un pays-organisateur de substitution en quatrième vitesse (la Guinée équatoriale) et avait ensuite suspendu le royaume chérifien pour les éditions 2017 et 2019. Mais le Tribunal arbitral du sport (TAS) permettra finalement au Maroc disputer les éliminatoires des éditions 2017 et 2019.
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