De Buenos Aires, à la veille du G20, le président a répété entendre "la colère légitime, l'impatience, la souffrance d'une partie du peuple" français. Et vouloir y répondre par "des décisions supplémentaires dans les semaines et les mois à venir" mais qui "ne seront jamais des reculs".
Dans un geste d'apaisement après deux semaines de crise, le gouvernement avait auparavant annoncé que les Champs-Elysées seraient ouverts aux piétons samedi, comme le demandaient les "gilets jaunes" pour la troisième journée d'action de ce mouvement contre la hausse des taxes et la baisse du pouvoir d'achat.
Objectif : éviter les échauffourées qui ont émaillé la précédente journée d'actions du 24 novembre sur l'une des avenues les plus touristiques au monde.
Autre geste, Edouard Philippe doit accueillir, vendredi à 14H00, plusieurs "gilets jaunes" censés représenter le mouvement, marquant le point d'orgue de deux jours de rencontres commencées jeudi matin à Matignon pour dessiner la "grande concertation" locale de trois mois voulue par Emmanuel Macron.
Difficile de savoir combien d'entre eux viendront. Plusieurs ont déjà jeté l'éponge, comme Éric Drouet, l'un des deux premiers "gilets jaunes" qui avaient été reçus mardi par le ministre de la Transition écologique, François de Rugy.
"Aucune délégation n'a encore le rôle de représenter les +gilets jaunes+", a écrit sur Facebook ce chauffeur routier de Seine-et-Marne.
Le Grenoblois Julien Terrier, figurant également parmi les huit porte-paroles du mouvement désignés mais contestés, a lui aussi décliné l'invitation "car la réunion sera à huis clos" alors qu'il souhaitait une diffusion "en direct", a-t-il indiqué à l'AFP.
Dès jeudi après-midi, à l'abri des caméras, le Premier ministre a, selon son entourage, reçu Patrick de Perglas, "gilet jaune" venu à pied de Chalon-sur-Saône.
Interrogé par France 3 Bourgogne Franche-Comté, et visiblement affaibli, il a dit avoir transmis son message à Edouard Philippe qui "le fera passer" au président.
M. de Rugy a lui rencontré sept "gilets jaunes", sous l'oeil du Parisien. "Se donner trois mois pour apporter des réponses, c'est presque à la limite du mépris", lui a dit l'un d'eux, selon une vidéo diffusée par le journal sur son site internet, soulignant que "pour nous les fins de mois se situent aux alentours du 15".
Le ministre a lui rappelé les 500 millions d'euros d'aides déjà annoncés, comme le "chèque énergie". "On est prêt à regarder d'autres solutions", a-t-il ajouté, sans les détailler mais en précisant que certaines peuvent "être faites rapidement".
Un million de signatures
En attendant, ce mouvement protéiforme, qui s'étend dans tout le pays, maintient la pression et tente de se structurer, galvanisé par le soutien des deux tiers des Français.
A Pau, des gilets jaunes se sont invités dans la mairie où le centriste François Bayrou présidait une réunion.
Signe de popularité, une pétition "pour une baisse des prix du carburant à la pompe", lancée sur internet par l'une des figures du mouvement, a dépassé jeudi le million de signatures.
De nombreux députés ont reçu un courriel jeudi contenant de nombreuses revendications comme le SMIC à 1.300 euros nets, un plan d'isolation des logements, la fin de la hausse des taxes sur le carburant ou la retraite à 1.200 euros minimum.
Cette crise a conduit la quasi-totalité des élus locaux reçus à Matignon à réclamer un nouveau "geste" de l'exécutif, en plein débat parlementaire sur le budget.
A La Réunion, paralysée depuis treize jours par le mouvement, la ministre de l'Outre-mer Annick Girardin a annoncé la création de 1.000 emplois aidés supplémentaires avant la fin de l'année.
L'idée d'un moratoire fait débat au sein même de la majorité macroniste. A droite, Laurent Wauquiez (Les Républicains) veut referendum et Marine Le Pen a elle évoqué l'hypothèse d'une dissolution de l'Assemblée.
A gauche, l'ex-président François Hollande est allé voir des "gilets jaunes" pour rappeller qu'il avait donné "un coup de pouce" au Smic.
De Buenos Aires, Emmanuel Macron a ironisé sur ceux "qui sont sans doute plus à l'origine de la situation que nous vivons que le gouvernement qui est aux affaires que depuis 18 mois", raillant le "cynisme" en politique.
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