Quelque 40.000 habitants s'entassent dans cet enchevêtrement de constructions sommaires multicolores. Par endroits, les bâtiments dépassent la section aérienne de l'autoroute qui longe le Rio de la Plata. Ruelles en terre, jungle de fils électriques et constructions sauvages, ce bidonville, le plus ancien de Buenos Aires, a commencé à se former au lendemain de la crise de 1930.
Ce lieu atypique dans une des zones les plus chères de la ville s'étend le long des voies ferrées, de la gare des trains de banlieue au port de marchandises.
Au fond, se dessine la ligne des gratte-ciels du quartier d'affaires de la capitale, reflet des contrastes et inégalités de ce pays en pleine crise économique.
"Je regarde un peu la télé le matin. La météo, c'est ce qui m'intéresse le plus", confie Mercedes Tapia derrière son comptoir, complètement étrangère aux dossiers qui seront discutés au G20 dans "l'autre" Buenos Aires. Avec ses nombreux cafés branchés, restaurants et théâtres: elle a été désignée pour la quatrième année consécutive par The Economist comme la meilleure ville pour vivre en Amérique latine.
Dans la Villa 31, que la mairie tente de faire passer de bidonville à quartier, cette veuve de 70 ans, tout comme 16% des habitants de la mégalopole vivant sous le seuil de pauvreté, vit au jour le jour.
"L'intégration est un défi global qui demande la mise en place de politiques publiques pro-actives", déclare à l'AFP Diego Fernandez, responsable de l'intégration sociale et urbaine. Le plan d'urbanisation de cette zone, lancée en 2016, prévoit la mise en place de services, la construction d'écoles et de logements, ainsi que le déplacement de la voie rapide qui la traverse.
"Le fossé s'est creusé"
Loin de ces grands projets, dans sa petite échoppe de la Villa 31, la seule chose qui inquiète Ruben Morales, c'est la chute des ventes liée à la crise et l'inflation, supérieure à 40% sur les 12 derniers mois. "Avant, du 1er au 18 (du mois), il y avait de l'argent; maintenant, le 6, il n'y en a plus", résume-t-il.
Ici, une chambrette se loue environ 150 dollars par mois. Dans le quartier le plus cher de Buenos Aires, Puerto Madero, à l'achat, le prix du m2 dépasse les 7.000 dollars.
"Depuis 2003, le fossé s'est creusé avec les prix dans les quartiers les plus chers (...), ce qui renforce la segmentation", explique José Rozados, président du cabinet Reporte Inmobiliario.
Sur les plus de 4.000 bidonvilles du pays, 63 se trouvent à Buenos Aires.
Selon la Banque Mondiale, cette ville concentre l'activité économique la plus forte de la région. C'est aussi celle qui a le meilleur niveau d'éducation, avec 60% de sa population ayant fait des études supérieures.
Mais certains problèmes persistants, comme la congestion routière, nuisent à sa productivité. Buenos Aires a ainsi été classée au 19e rang des villes les plus engorgées du monde du classement TomTom.
Monica Freixas, habitante du quartier de Recoleta, souvent décrit comme le "petit Paris" à cause de ses immeubles de style haussmannien, s'attend à une fin de semaine compliquée côté circulation, pour cause de G20. "C'est le prix à payer pour s'ouvrir au monde. Je ne veux pas devenir comme le Venezuela ou Cuba, je veux un pays démocratique", explique-t-elle.
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