Encore questionné en début d'après-midi, après une brève suspension à l'heure du déjeuner, l'informaticien de 34 ans est confronté depuis le milieu de la matinée aux éléments du dossier d'instruction. Celui-ci rassemble 42 expertises réalisées depuis la découverte du cadavre partiellement brûlé de la jeune femme de 29 ans, employée de banque, le 30 octobre 2017 dans un bois près de Gray (Haute-Saône).
Jonathann Daval avait d'abord affirmé que sa femme avait disparu en faisant son jogging. Puis, interpellé par les gendarmes en janvier, il avait finalement avoué l'avoir étranglée au cours d'une dispute. Avant de faire volte-face fin juin et d'affirmer qu'Alexia avait en fait été tuée par son beau-frère, Grégory Gay, un "complot familial" étant conclu pour taire les faits.
"Il n'y aura pas de quatrième version, nous allons donner des explications complémentaires sans doute sur ces dernières déclarations, qui sont tout à fait plausibles", a affirmé avant le début de l'interrogatoire l'un de ses avocats, Me Samuel Estève.
Mais, selon une source judiciaire, "l'ensemble des investigations diligentées convergent vers (la culpabilité de) Jonathann Daval". Ses aveux de janvier, réitérés en mars, "correspondent à tous les éléments du dossier", assure-t-on de même source. Une complicité serait exclue.
Plusieurs éléments du dossier d'enquête sont encore apparus ces derniers jours dans la presse, sur lesquels Jonathann Daval devait être interrogé. Le premier est la découverte dans son véhicule professionnel - qui aurait servi au transport du corps de sa femme - d'un cheveu de sa mère, Martine Henry, qui s'est défendue mercredi de toute "complicité".
Un autre élément est une analyse toxicologique faisant état de la présence de Tramadol, un antalgique opiacé, dans le sang d'Alexia Daval. Un élément qui n'est "pas anodin", a relevé jeudi matin Randall Schwerdorffer, autre conseil de Jonathann Daval. L'avocat a noté "les conséquences de ce type de produits sur la personnalité et les changements d'humeur significatifs que cela provoque", y voyant une explication des "crises" de la jeune femme évoquées par son client.
Petit brun frêle
Venu de la maison d'arrêt de Dijon où il est incarcéré depuis sa mise en examen en janvier pour "meurtre sur conjoint", Jonathann Daval reviendra à Besançon le 7 décembre pour deux confrontations distinctes, avec la sœur d'Alexia et son mari, Stéphanie et Grégory Gay, puis avec les parents de la victime, Isabelle et Jean-Pierre Fouillot, tous parties civiles.
Depuis un an, rebondissements et déclarations devant les caméras alimentent la chronique de ce qui aurait pu être l'histoire dramatique d'une femme tuée par son conjoint, comme 130 autres en France l'an dernier.
En pleine affaire Weinstein, au moment où l'opinion publique s'alarme des violences faites aux femmes, la France découvre le visage de ce petit brun frêle semblant perdu sans son épouse quand il signale sa "disparition" le 28 octobre 2017 à la gendarmerie de Gray-la-Ville (Haute-Saône).
De battues en marche blanche, d'une course en mémoire d'Alexia à l'enterrement de la jeune femme, l'homme affiche sa peine, en larmes et voix tremblante.
Fin janvier, Jonathann Daval est interpellé et mis en examen face aux "éléments accablants" découverts lors de l'enquête, comme l'utilisation de sa voiture en pleine nuit et d'un drap appartenant au couple pour envelopper le corps.
Les zones d'ombre restent nombreuses autour du meurtre d'Alexia: qui a déplacé son cadavre ? Une bombe aérosol retrouvée chez le couple a-t-elle servi à brûler le corps ? Qui était dans la voiture de Jonathann au retour du dîner chez ses beaux-parents ? Quelle est la signification d'un document retrouvé sur l'ordinateur de l'informaticien, déroulant point par point le scénario de la matinée de la "disparition", comme un pense-bête à réciter aux enquêteurs ?
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