"C'est une grande réaction de bonheur après tant d'années de travail et de procédures", s'est félicité auprès de l'AFP le sénateur LR Jean-Pierre Leleux, maire honoraire de la ville qui avait fait le déplacement à l'Ile Maurice où se réunissait le comité ad hoc de l'Unesco.
"Je suis heureux d'avoir pu faire en sorte que toutes ces générations qui se sont succédé pour faire de Grasse ce qu'elle est aujourd'hui soient reconnues aujourd'hui", a poursuivi l'élu, président de l'association Patrimoine vivant du Pays de Grasse, qui avait déposé le dossier de candidature à l'Unesco en 2013. A ses yeux, la distinction doit permettre "d'apporter un éclairage particulier sur notre territoire et de le valoriser".
Productrice-transformatrice de plantes à parfum et de plantes médicinales à Grasse, elle-même "arrière-petite-fille, petite-fille et fille" de producteurs de plantes à parfum, Michelle Cavalier-Bouis s'est aussi réjouie de la décision de l'Unesco: "Ça permet de maintenir quelque chose qui est vraiment l'identité profonde du terroir grassois".
"Maintenant il faut espérer que ça tire l'industrie vers le haut et vers des savoir-faire qui respectent la santé, avec une prise de conscience vers de plus en plus de respect du vivant", a-t-elle ajouté, interrogée par l'AFP.
Les savoir-faire distingués mercredi recouvrent trois aspects différents, détaille l'Unesco dans un communiqué: "la culture de la plante à parfum, la connaissance des matières premières et leur transformation et l'art de composer le parfum".
"Subtilités de la distillation"
La ville de Grasse, berceau de la parfumerie mondiale, comptait notamment sur cette inscription pour mieux protéger ses champs de tubéreuses ou de jasmins. Depuis 70 ans, ils sont mis à mal par la pression foncière, la montée des produits synthétiques et la concurrence d'autres centres producteurs. Le label Unesco devrait favoriser la possibilité de bloquer des terrains au service des jeunes agriculteurs et encourager des sociétés de parfumerie à signer des contrats à long terme pour garantir aux horticulteurs de pouvoir vivre de leurs récoltes.
Cette candidature, soutenue par d'autres pays --Inde, Chine, Argentine, Japon-- dont la production de plantes à parfum dépend de la sauvegarde des savoir-faire grassois, pourrait aussi favoriser de multiples projets comme la création d'une pépinière collective, la réalisation de plusieurs inventaires des gestes traditionnels, ou encore le tracé d'itinéraires de découverte touristique.
La filière va du lycée horticole au master d'université mais "les modes de transmission sont le plus souvent informels. Aucune école ne peut enseigner toutes les subtilités de la distillation, de l'enfleurage ou de l'extraction par solvants", souligne le dossier de candidature, et certains métiers sont menacés (greffeur, souffleur de verre, distillateur).
Il faut sept ans pour former un responsable de distillation, dix pour devenir parfumeur et c'est souvent en famille que se transmettent les connaissances nécessaires à la culture des plantes à parfum.
La municipalité de la Côte d'Azur avait vu s'épanouir la parfumerie à partir du XVIe siècle, autour de ses tanneries qui réclamaient des matières premières aromatiques pour apprêter les peaux et parfumer les gants.
Situés entre les pré-Alpes du sud et la Méditerranée, les sols de la région de Grasse sont propices aux plantes à parfum comme le jasmin, la rose de mai, la fleur d'oranger, la tubéreuse, l'iris et la violette. Certains grands noms de la parfumerie, à l'instar de Chanel, commencent aujourd'hui à réinvestir cette région dans une démarche notamment de sécurisation de leurs approvisionnements.
Le comité de sauvegarde du patrimoine immatériel de l'Humanité, qui siège jusqu'au 1er décembre, examine mercredi 40 demandes d'inscription sur cette liste hétéroclite de traditions et de savoir-faire, désormais forte de plus de 400 éléments (chants, danses, spécialités gastronomiques ou célébrations).
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