Sa vitrine des années 20 est l'une des plus vieilles de Rouen (Seine-Maritime). Lui s'est installé quelque soixante années plus tard dans ces locaux à deux pas de la place du Vieux-Marché. Éric Gervais y propose avec passion la vente, l'entretien et la réparation d'instruments à vent. Une spécialisation qui plaît à ses clients qui viennent chercher une complicité et une relation de confiance avec l'artisan, auquel ils laissent leur instrument.
Parmi eux, des professionnels comme l'un des trombonistes de l'opéra de Rouen mais aussi des débutants et musiciens amateurs, ce qui n'a rien de péjoratif pour le passionné. "Au contraire, ce sont souvent eux qui apprécient le mieux la musique", dit-il. Ce qu'il préfère, ce sont les histoires de famille et les "scandales" qui s'y mêlent. "J'ai des gamins qui arrivent avec les parents parce qu'ils ont fait tomber leur saxophone trop lourd. Tout le monde est sur les dents mais souvent il a trois fois rien à faire. Je montre ce que je fais aux petits en leur disant de faire attention et ils repartent soulagés", raconte-t-il dans un sourire.
De l'orgue à la flûte traversière
Sa passion, il la doit à son père qui était facteur d'orgue. "Je le suivais partout mais c'était surtout pour être avec lui". Lui choisira la flûte traversière au conservatoire de Rouen mais bien vite se dirigera vers la réparation. "Je n'avais pas le sens du rythme", avoue-t-il. Apprenti auprès d'un luthier parisien, il répare à 16 ans la flûte en argent massif de Patrick Gallois, alors soliste de l'orchestre national. "Il m'a ensuite permis de rencontrer les meilleurs artistes du moment à Paris. Cela m'a fait un beau livre d'or pour la suite".
Des recommandations qui lui ouvrent les portes du Japon puis des États-Unis à Boston où il suivra les meilleures formations en la matière. Il élargira ses compétences aux autres instruments auprès de Buffet-Crampon, grand nom français du milieu avant d'ouvrir sa boutique rouennaise. "Il n'y a que dans ma ville que je me sens bien", admet-il avec un soupçon de chauvinisme.
37 ans plus tard, il est toujours là malgré des moments difficiles mais il reste optimiste pour l'avenir. "Les gens reviennent de plus en plus chez les artisans et cherchent aussi beaucoup de vintage ou d'instruments d'occasion qui ont une histoire". Et ces histoires et anecdotes, il les aime par-dessus tous, lui qui arbore fièrement dans un cadre le drapeau américain que Glenn Miller emmenait avec lui sur ses tournées.
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