Mercredi matin, "le président Porochenko a signé la loi" votée lundi par le Parlement ukrainien, a annoncé un de ses porte-parole, Sviatoslav Tsegolko. Si les conditions d'application de la loi martiale sont encore floues, elle a été introduite pour 30 jours dans dix régions frontalières et côtières.
Inédite, cette mesure a été prise en réponse à la capture par des gardes-côtes russes de trois navires de la Marine ukrainienne dimanche en mer Noire, au large de la péninsule ukrainienne de Crimée annexée par la Russie en 2014.
Il s'agit de la première confrontation militaire ouverte entre Moscou et Kiev depuis cette annexion et le début la même année d'un conflit armé dans l'est de l'Ukraine entre forces ukrainiennes et séparatistes prorusses qui a fait plus de 10.000 morts.
Mercredi, le président Vladimir Poutine a à cet égard déclaré que les forces russes avaient rempli leur devoir "à la perfection, avec précision", affirmant que les équipages ukrainiens n'avaient pas répondu aux mises en garde russes.
La veille au soir, son homologue ukrainien Petro Porochenko avait accusé la Russie d'avoir drastiquement renforcé sa présence militaire à la frontière ukrainienne, mettant en garde contre "la menace d'une guerre totale" avec son puissant voisin.
Parallèlement, Donald Trump est sorti de son silence, menaçant d'annuler sa rencontre, prévue pour la fin de la semaine, avec Vladimir Poutine au sommet du G20 en Argentine.
"Je n'aime pas cette agression. Je ne veux pas d'agressions", a insisté le président américain, souvent accusé d'être trop conciliant avec Moscou, dans un entretien avec le Washington Post.
Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a néanmoins assuré mercredi que la "préparation" de cette rencontre se poursuivait, ajoutant n'avoir "aucune autre information" de la partie américaine.
Ces nouvelles tensions ukraino-russes ont également été au cœur de conversations téléphoniques séparées mercredi entre le président turc Recep Tayyip Erdogan et ses homologues russe et ukrainien.
MM. Erdogan et Poutine ont échangé leurs points de vue "concernant la stabilité et la sécurité en mer Noire", a déclaré le Kremlin dans un communiqué.
De son côté, M. Porochenko "a appelé le président turc à renforcer la pression sur la Russie en vue de la libération des marins et navires ukrainiens", a fait savoir la présidence ukrainienne.
Accusés d'avoir franchi illégalement la frontière russe, quinze marins ukrainiens, sur les 24 faits prisonniers au cours de l'accrochage de dimanche, ont été placés en détention provisoire jusqu'au 25 janvier. Les autres doivent comparaître mercredi.
Caractère "préventif"
"Nous devons tous être prêts à repousser l'agression de notre ennemi qui était il y a peu" seulement "notre voisin", a déclaré le chef du gouvernement ukrainien, Volodymyr Groïsman, à l'ouverture mercredi du Conseil des ministres.
Face aux inquiétudes, les autorités ukrainiennes ont assuré à plusieurs reprises que la loi martiale, qui permet de mobiliser les citoyens, réguler les médias et limiter les rassemblements publics, avait un caractère "préventif".
"L'objectif de la loi martiale consiste à montrer que l'ennemi payera très cher s'il décide de nous attaquer. Cela sera comme un douche froide qui arrêtera les fous ayant le projet d'attaquer l'Ukraine", avait par exemple déclaré mardi soir à la télévision le président Porochenko.
La confusion régnait cependant autour de la date de l'entrée en vigueur de cette mesure, certaines structures officielles ukrainiennes parlant de mercredi, d'autres assurant qu'elle était appliquée depuis lundi.
Le porte-parole de la présidence n'était pas joignable pour clarifier cette situation et le ministère de la Défense doit donner une conférence de presse dans l'après-midi.
L'accrochage en mer Noire s'est produit lorsque des bâtiments de la Marine ukrainienne ont tenté de traverser le détroit de Kertch pour entrer dans la mer d'Azov, d'une importance cruciale pour les exportations de céréales ou d'acier produits dans l'est de l'Ukraine.
Les gardes-côtes russes, qui dépendent des services de sécurité (FSB), ont arraisonné par la force deux vedettes et un remorqueur ukrainiens, les accusant d'être entrés illégalement dans les eaux russes.
Mercredi, un haut responsable de l'armée russe, Vadim Astafiev, a par ailleurs confirmé le déploiement en Crimée d'un troisième système de missiles sol-air S-400, un fleuron de l'industrie militaire russe.
Les considérations de politique intérieure se mêlent aux enjeux stratégiques et militaires en mer d'Azov dans ce nouveau bras de fer entre la Russie et l'Ukraine, d'anciennes républiques "soeurs" au sein de l'Union soviétique. Vladimir Poutine a vu sa cote de popularité, très élevée pendant des années, dégringoler sur fond de problèmes économiques et d'une fronde sans précédent contre une impopulaire réforme des retraites et Petro Porochenko, qui cherche à se faire réélire pour un deuxième mandat à la présidentielle du 31 mars, est confronté à des problèmes similaires.
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